TotalEnergies : trois questions sur les gigantesques bénéfices du groupe en 2021
La société productrice de pétrole et de gaz a réalisé 14 milliards d'euros de profit l'année dernière. On vous explique ce qui a fait bondir ses résultats et comment il investit cet argent.
C'est le plus gros bénéfice jamais enregistré par une société française. TotalEnergies a déclaré jeudi 10 février avoir réalisé pour 2021 un bénéfice de 14 milliards d’euros, soit quatre fois plus qu'en 2020. La publication de ce résultat exceptionnel intervient au lendemain de l'annonce par le PDG, Patrick Pouyanné, d'une remise sur les prix du carburant en France et dix jours après la signature d'un méga contrat pétrolier en Ouganda. Mais ce profit ne repose pas que sur l'or noir.
Comment le géant des hydrocarbures a engrangé autant d’argent en 2021 ?
C’est le redémarrage de l’économie mondiale après les confinements de 2020 qui a dopé l'activité de TotalEnergies. La demande d’hydrocarbures est repartie très fort en 2021. Les cours du pétrole Brent en Europe ont grimpé de 70% et ceux du gaz ont explosé (ils ont été multipliés par quatre l'année dernière). Logiquement, le groupe en a bénéficié à fond.
Encore plus que le pétrole, c’est d'ailleurs le gaz qui fait aujourd’hui les bonnes affaires de TotaEnergies. Le groupe français est le deuxième producteur privé de gaz naturel liquéfié au monde. La part du gaz dans les ventes de l'entreprise est presque aussi importante que celle du pétrole, près de la moitié. Si les cours du gaz explosent, cela profite donc à une part très importante de son activité. D’ici 2030, le groupe veut réaliser la moitié de ses ventes avec du gaz, contre 30% pour les produits pétroliers.
Dans quel pays TotalEnergies réalise-t-il ces bénéfices ?
De l’étranger. Le groupe TotalEnergies est présent dans plus de 130 pays et notamment là où il y a du pétrole et du gaz à extraire : Afrique, Moyen-Orient, Asie centrale, Russie, Europe (avec la mer du Nord). Dans ses projets en Afrique, il y a notamment un investissement de 10 milliards d'euros en Ouganda. TotalEnergies va y exploiter des gisements de pétrole à partir de 2025 pour une durée de 25 à 30 ans. Le contrat, jugé dévastateur pour l'environnement par plusieurs ONG, prévoit aussi la construction d'un oléoduc de plus de 1 400 km en Afrique de l'Est.
En France, le groupe dirigé par Patrick Pouyanné possède 3 500 stations-service, cinq raffineries ainsi que des millions de clients pour la fourniture de gaz et d’électricité. Mais cela rapporte bien moins que les activités de TotalEnergies à l'étranger. D’ailleurs, sur les 105 000 salariés, seuls un tiers travaillent en France.
Que fait le groupe de ces profits ?
Il distribue des dividendes à ses actionnaires : près de sept milliard d’euros en 2021. Le chiffre d'affaires de TotalEnergies sert également à rémunérer ses salariés et à verser des impôts.
La société investit par ailleurs entre 13 et 15 milliards d'euros dont un quart dans les énergies renouvelables, selon Patrick Pouyanné. C’est pour cela que le groupe s’est rebaptisé l’an-dernier TotalEnergies. Un changement de nom parfois qualifié de "greenwashing" par des chercheurs et ONG écologistes.
TotalEnergies est présent dans l’énergie solaire et dans des champs d’éoliennes offshore en Ecosse (des projets pharaoniques). Le groupe investit aussi dans les batteries de voitures élecriques et dans les bornes de recharges sur les autoroutes. Le groupe dit voire son avenir "en électrique" avec l'objectif, à l'horizon 2050, de réaliser la moitié de ses ventes avec de l’électricité.
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