Fiscalité : le patron de Dassault Systèmes songe à quitter la France
Dans une interview au "Monde", le directeur général de l'entreprise, Bernard Charlès, explique les difficultés que pose, selon lui, la fiscalité française.
Le directeur général d'un des fleurons de l'industrie française, Dassault Systèmes, songe à quitter son pays. Dans une interview publiée lundi 11 mars par Le Monde, Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes, explique les difficultés que pose la fiscalité française aux cadres du groupe, de plus en plus tentés par l'exil fiscal. Lui-même dit "étudier la question sous tous ses aspects".
"Pour être clair, cela ne concerne pas la taxation à 75% des revenus au-delà de 1 million d'euros, même si je pense qu'au-dessus d'un certain seuil, c'est confiscatoire, explique le dirigeant. Ma préoccupation concerne l'alourdissement de la fiscalité sur le capital, les stock-options et les actions gratuites."
"Résider en France devient lourdement handicapant"
Il estime que la participation des salariés au capital de l'entreprise, permise notamment par la distribution de stock-options et d'actions, est fondamentale. Selon lui, "mille salariés de Dassault Systèmes, sur les dix mille que compte le groupe", ont aujourd'hui une part de capital. Sur cette part de capital, "l'entreprise et son salarié vont devoir payer en taxes et en impôts jusqu'à 80 % de sa valeur, ce n'est pas tenable, affirme Bernard Charlès. Il est normal que les cessions de capital soient taxées, mais au-delà de 60 %, vous êtes hors course au niveau mondial."
Selon lui, plusieurs dirigeants ont déjà choisi de résider hors de France pour échapper à cette taxation. "Résider en France devient lourdement handicapant. Plus largement, nos embauches du top management vont nécessairement se faire ailleurs qu'en France", insiste le dirigeant.
Bernard Charlès admet avoir "beaucoup réfléchi" à sa responsabilité en tant que dirigeant d'entreprise français. "Je viens d'un milieu modeste, j'ai bénéficié du système éducatif français", admet-il. Mais pour lui, la balance risque de bientôt pencher en faveur de l'exil. "Ceux qui arrêtent ces mesures n'ont pas conscience des conséquences sur le secteur de la high-tech", assène-t-il.
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