Bruxelles ouvre une enquête approfondie sur le projet de vente du pôle énergie d'Alstom à General Electric
La Commission européenne estime que cette opération pourrait poser des problèmes de concurrence sur le marché des turbines à gaz de haute puissance.
La Commission européenne a ouvert, lundi 23 février, une enquête approfondie sur le projet de vente du pôle énergie d'Alstom à l'américain General Electric. Le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, avait donné son accord, mercredi 5 novembre 2014, pour le rachat des activités énergétiques d'Alstom par General Electric. Bruxelles a désormais jusqu'au 8 juillet pour arrêter une décision.
En quoi consiste le projet de vente ?
L'opération, la plus importante dans l'histoire de General Electric, est au cœur de la stratégie de recentrage du groupe américain sur ses racines industrielles. Le projet d'alliance, scellé le 21 juin 2014, prévoit que l'américain rachète l'essentiel des activités énergétiques du fabricant du TGV, notamment sa branche Energies thermiques, qui inclut les turbines à gaz.
Le français créera aussi avec GE trois coentreprises détenues à parité dans les énergies renouvelables, les réseaux électriques et les turbines à vapeur. En outre, l'accord prévoit que l'Etat puisse disposer d'une action préférentielle dans cette troisième coentreprise, lui accordant des droits de veto et de gouvernance spécifique pour tout ce qui touche aux centrales nucléaires en France. Il prévoit enfin que l'Etat devienne l'actionnaire principal d'Alstom.
Quelles sont les craintes de la Commission européenne ?
L'ouverture d'une enquête approfondie n'est pas une surprise pour une opération de cette taille, et ne préjuge en aucun cas de l'issue de la procédure. Mais Bruxelles estime que cette opération à 12 milliards d'euros pourrait poser des problèmes de concurrence sur le marché des turbines à gaz de haute puissance.
Aujourd'hui, seuls quatre fabricants de turbines se partagent ce marché : GE, Alstom, l'allemand Siemens et le japonais Mitsubishi Hitachi Power Systems (MHPS). L'opération, telle qu'elle est envisagée aujourd'hui, réduirait donc la concurrence à trois acteurs, le nouvel ensemble GE-Alstom représentant environ 50% du marché à la fois en Europe et dans le monde, à l'exception de la Chine, relève l'exécutif européen. "L'opération réunirait les activités de GE et d'Alstom, évinçant ainsi de ce marché l'un des trois principaux concurrents de GE dans le monde", explique la Commission dans un communiqué.
General Electric dit coopérer avec l'exécutif européen. "Notre objectif est d'obtenir les autorisations réglementaires requises et de finaliser la transaction d'ici la mi-2015", a déclaré le groupe américain dans un courriel. De son côté, le ministère de l'Economie se dit "confiant dans l'issue de cette procédure normale".
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