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Rachat d'Alstom: ce que l'on sait de la bataille entre l'Etat et Bouygues

L'Etat veut racheter des parts d'Alstom que possède Bouygues. Ce dernier semble déterminé à les vendre chèrement.

Article rédigé par franceinfo
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Le ministre de l'Economie et de l'Industrie, Arnaud Montebourg, à paris le 7 mai 2014. (CHRISTIAN HARTMANN / AFP)

L'Etat a préféré General Electric à Siemens pour Alstom, vendredi 20 juin. Mais le match n'est pas tout à fait terminé pour autant. D'abord parce que c'est à Alstom de décider s'il accepte de s'allier avec l'américain General Electric. Ensuite parce qu'il faut débloquer les discussions entre l'Etat et Bouygues sur le rachat de 20% du capital d'Alstom.

Qui va trancher ?

C'est le conseil d'administration d'Alstom qui doit trancher et dire s'il accepte ou non de rentrer en négociations exclusives avec General Electric (GE). Le temps presse. L'offre de l'américain expire lundi et son patron Jeff Immelt a déjà prévenu que la date "resterait intacte". Comprendre: il ne prolongera pas son offre.

Les administrateurs d'Alstom vont se réunir, "vraisemblablement aujourd'hui ou demain" (dimanche) et donner leur décision finale avant l'ouverture de la Bourse de Paris, lundi à 9 heures, où est cotée l'action Alstom. De son côté, François Hollande a dit compter sur "des avancées d'ici la fin de journée".

Qu'est-ce qui coince ?

Le gouvernement veut entrer au capital d'Alstom à hauteur de 20% afin d'exercer sa "vigilance patriotique", selon les mots du ministre de l'Économie Arnaud Montebourg. Mais la "position définitive" de l'Etat sur Alstom "dépendra" de l'entrée de l'Etat au capital de l'industriel et donc de l'issue des négociations en cours avec Bouygues pour lui racheter les deux tiers de sa participation dans Alstom.

L'État et Bouygues ont eux aussi jusqu'à lundi 9 heures pour s'entendre sur les modalités de rachat des 20% du capital d'Alstom que détient Bouygues. Mais les discussions ne semblent pas bien enclenchées. Elles sont "bloquées", achoppant sur le prix, selon des sources proches du dossier.

D'un côté Bouygues cherche à vendre la totalité de sa participation (29,4%), qu'il valorise dans ses comptes 3,07 milliards d'euros, après avoir dû passer une dépréciation de 1,4 milliard d'euros en 2013. Le groupe a payé sa participation relativement cher, selon des analystes. Au plus fort, l'action valait 55 euros en 2010. Contre 28, vendredi à la clôture. Et surtout, il a besoin d'argent, notamment pour relancer Bouygues Telecom. Une source au fait des discussions a indiqué que Bouygues chercherait à vendre sa participation à 35 euros par titre.

De l'autre côté, l'État ne peut pas paraître dispendieux et devra montrer qu'il a tout fait pour négocier au plus serré avec Bouygues. Il propose de racheter les actions au prix du marché. Soit un montant de 1,7 milliard d'euros.

Les analyses sur la capacité de l'Etat divergent. Europe 1 rappelle que depuis deux ans l'Etat "a vendu des titres de plusieurs entreprises dans lesquelles il a des participations : Safran, EADS ou encore Aéroport de Paris. Selon les derniers pointages en janvier, ces mouvements de capitaux lui ont permis d'engranger 3,5 milliards d'euros. En utilisant ces réserves, il pourra largement financer l'opération avec Bouygues". Mais l'économiste Philippe Dessertine répond sur France Info que "l'Etat n'a pas les moyens de suivre et se retrouve un peu acculé du fait de la proposition qu'il s'est obligé de faire à Bouygues et du fait qu'il ait refusé la première opération avec General Electric". Pour lui, "l'Etat s'est placé dans une situation où il va devoir payer le prix fort".

De quels leviers dispose l'Etat ?

"Alstom aujourd'hui serait sans conditions dans les mains de General Electric depuis des mois si nous n'étions pas intervenus", se félicitait le Premier ministre Manuel Valls. "Fluidité dans la méthode et résultats, cohérence gouvernementale : l'État a été très professionnel. Ça a été dur mais ça a été une très bonne négociation", assurait même vendredi soir un proche du président de la République.

Pourtant, la partie n'est pas gagnée. L'Etat et Bouygues sont en plein bras de fer, remarquent Les Echos. Mais "l'Etat dispose de moyens de pressions sur le groupe, qui dépend en grande partie des pouvoirs publics", écrit le journal. Une source gouvernementale a glissé au quotidien qu'il y avait "suffisamment de relations globales avec Bouygues sur beaucoup de sujets pour que cela ne se passe pas mal". Et de glisser : "L’offre MHI/Mitsubishi reste d’ailleurs toujours possible".

Samedi, l'Etat met la pression à Bouygues. François Hollande a prévenu : "S'il n'y avait pas ces avancées, s'il n'y avait pas cette vente à un prix qui pour le gouvernement soit acceptable alors il y aurait nécessairement à revenir sur l'alliance telle qu'elle vient d'être annoncée" avec l'américain General Electric.

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