Les PDG du CAC 40 ont gagné 130 fois plus que leurs salariés en 2022, dénonce un rapport d'Oxfam
Les PDG du CAC 40 ont gagné en moyenne 130 fois plus que leurs salariés en 2022, révèle mardi 30 avril un rapport de l'ONG Oxfam. Ce chiffre est en augmentation par rapport à 2019 où les grands patrons avaient gagné en moyenne 111 fois de plus que leurs salariés. Oxfam dénonce des rémunérations des PDG qui ont atteint "des niveaux stratosphériques".
Ce rapport est publié la veille du 1er-Mai par Oxfam qui "rappelle que ce sont les salariés qui créent les richesses des entreprises du CAC 40. Il est donc inadmissible de voir des PDG gagner 130, 500 ou même presque 1 500 fois plus que leurs salariés". Le rapport pointe en parallèle, le poids de plus en plus important que prennent les actionnaires à qui en 2022, "les entreprises du CAC 40 ont versé en moyenne 75% de leurs bénéfices".
Entre 2019 et 2022, la rémunération des PDG des 40 entreprises les plus importantes à la Bourse de Paris "a augmenté de 27%", soit en moyenne, plus de 6,6 millions d'euros, alors que le salaire moyen au sein de ces groupes "n'a augmenté que de 9%". Oxfam dénonce un "système à double vitesse" qui "accroît l’écart entre patrons et salariés". Dans le même temps, la pauvreté en France est en forte progression, "touchant désormais 14,5% de la population, soit plus de 9 millions de personnes, et davantage de femmes que les hommes, dont 25%" sont des travailleurs pauvres, alerte Oxfam.
Cette situation est d'autant plus incompréhensible que les salariés "ont beaucoup perdu" en pouvoir d'achat depuis la crise du Covid-19, commente Oxfam, puisque "les salaires réels devraient retrouver seulement" cette année "leur niveau de 2019", selon les projections de la Banque de France, rappelle cette étude.
"Un manque de régulation"
Cette enquête livre son palmarès dans ce que l'ONG qualifie de "podium de l'indécence" avec en première position, la société Téléperformance, "qui conforte son statut de champion des écarts de rémunérations indécents puisque son PDG Daniel Julien a gagné en 2022, 1 453 fois plus que le salaire moyen de l'entreprise". Ce dirigeant a gagné plus de 19 millions d'euros alors que le salaire annuel moyen dans l'entreprise était de 13 568 euros.
En deuxième position, le PDG de Carrefour, Alexandre Bompard, avec plus de 9 millions d'euros de rémunération, un écart de 426 fois plus que le salaire moyen au sein de son groupe qui est de 21 925 euros. Ferme le podium, Stellantis dont le PDG Carlos Tavares a gagné 341 fois plus que le salaire moyen, 64 000 euros, grâce à une rémunération de plus 21 millions d'euros en 2022. Carlos Tavares sont le salaire en 2023 de 36,5 millions d'euros a créé la polémique. "Si vous estimez que ce n'est pas acceptable, faites une loi", avait lancé le patron de Stellantis face aux critiques.
Oxfam dénonce "un manque de régulation des rémunérations des dirigeants", alors que des solutions existent, notamment dans le secteur public, dans les entreprises où l'Etat est actionnaire majoritaire et où les dirigeants ne peuvent gagner plus de 450 000 euros bruts. L'ONG avance quelques mesures pour mettre fin à ces écarts salariaux, notamment, en "garantissant un écart maximum de 1 à 20 entre le salaire médian dans l'entreprise et celui du dirigeant".
Le rapport appelle aussi à "garantir un salaire décent sur l'ensemble de la chaîne de valeur", mais également "modifier les critères de rémunération extra-financiers". Il faut aussi faire des "efforts de réduction des écarts de salaires entre les hommes et les femmes", souligne cette étude. C'est d'autant plus important qu'en 2022, il n'y avait que deux femmes PDG du CAC 40 et que les hommes PDG ont gagné 2,4 fois plus que les femmes, sachant "que 8 entreprises du CAC 40 sur 10 n'ont pas plus de trois femmes parmi leurs dix employés les mieux payés".
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