Tests antipollution truqués : cinq questions sur le scandale Volkswagen
Le constructeur allemand a triché sur les contrôles antipollution aux Etats-Unis. Une révélation aux conséquences incalculables pour le groupe.
Une tricherie qui coûte très cher. Accusé d'avoir fraudé sur les contrôles antipollution aux Etats-Unis, Volkswagen a dû rappeler 482 000 voitures, lundi 21 septembre. Dans la journée, plus de 15 milliards d'euros de capitalisation boursière sont partis en fumée à la Bourse de Francfort. Le titre du constructeur allemand a fini en baisse de 17,14%, à 133,70 euros. De son côté, la France, par la voix du ministre des Finances, Michel Sapin, a demandé une enquête "au niveau européen".
Mais ce n'est que le début. Francetv info reprend le fil de cette affaire qui affaiblit le géant allemand.
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1Comment Volkswagen a-t-il triché ?
Les normes antipollution Euro6, pleinement entrées en vigueur début septembre, contraignent les véhicules diesel à réduire leurs émissions de gaz polluants, comme les oxydes d'azote (NOx).
Pour passer les contrôles sans encombre, Volkswagen a équipé ses voitures d'un logiciel sophistiqué. Ce programme est capable de détecter lorsque le véhicule est soumis à un test antipollution. Il active alors un dispositif de réduction des émissions de NOx. Le reste du temps, la voiture ne respecte pas les normes environnementales.
2Comment la supercherie a-t-elle été découverte ?
C'est l'ONG International Council for Clean Transportation (ICCT) qui est à l'origine de l'affaire. En 2013, elle engage des chercheurs à l'université de Virginie-Occidentale pour tester les émissions des voitures à moteur diesel. "Notre hypothèse était que toutes ces voitures sortiraient propres", explique Drew Kodjak, directeur exécutif de l'ICCT.
Mais, après avoir testé deux Volkswagen, une Jetta 2012 et une Passat 2013, les chercheurs découvrent, "surpris", le résultat inverse : les deux modèles affichent des niveaux d'émissions d'oxyde d'azote bien plus élevés que ce qui est autorisé par la loi, tandis qu'un troisième véhicule testé, une BMW X5, respecte en général les limites admises.
En mai 2014, l'ICCT alerte l'Agence de protection de l'environnement américaine (EPA) et le California Air Resources Board (Carb). Interrogée, l'entreprise attribue les émissions excédentaires à "divers problèmes techniques" et à des conditions "inattendues" en situation réelle. Ce n'est que lorsque l'EPA et le Carb menacent de retirer leur certification aux modèles diesel 2016 du constructeur allemand que celui-ci révise son explication, début septembre, pour reconnaître les faits.
3Quels sont les modèles qui posent problème ?
Les 482 000 véhicules diesel incriminés sont de marque Volkswagen et Audi, filiale de Volkswagen. Ils ont été construits entre 2009 et 2015. Mardi 22 septembre, le groupe a reconnu que 11 millions de ses voitures dans le monde étaient équipées du logiciel de trucage. Le programme est installé sur tous les moteurs diesel de type EA189.
4Que risque Volkswagen ?
L'affaire "va avoir des conséquences financières considérables pour Volkswagen, qui ne sont pas encore calculables, estime un expert du secteur automobile, Ferdinand Dudenhöffer. L'image et la crédibilité de Volkswagen dans le monde entier sont maintenant entamées."
Dans l'immédiat, le groupe doit faire face aux conséquences financières de cette duperie : la chute en Bourse, le coût du rappel des véhicules, et celui d'une amende qui pourrait atteindre 18 milliards de dollars (16 milliards d'euros). Une provision d'environ 6,5 milliards d'euros a été passée mardi 22 septembre pour faire face. Dans un deuxième temps, il va probablement devoir affronter la justice américaine : les autorités ont, selon le Wall Street Journal (en anglais), ouvert une enquête pénale contre le constructeur.
Et les conséquences ne s'arrêteront pas aux frontières des Etats-Unis. Pour l'ONG à l'origine du scandale, il n'est "pas exclu" que Volkswagen ait eu recours aux mêmes techniques de dissimulation en Europe. Le gouvernement allemand a ordonné la conduite immédiate de "tests approfondis sur les modèles diesel" de la marque. L'Italie a également ouvert une enquête.
En France, le ministre des Finances, Michel Sapin, a estimé mardi qu'une enquête était nécessaire "au niveau européen". Pour le moment, la Commission européenne, qui dit prendre l'affaire "très au sérieux", préfère temporiser en attendant les résultats des enquêtes allemande et américaines. En Corée du Sud, le ministère de l'Environnement a convoqué les représentants du groupe dans le pays. Enfin, la question de la démission du PDG du groupe, Martin Winterkorn, est posée.
5Les autres constructeurs sont-ils concernés ?
Volkswagen pourrait entraîner d'autres constructeurs dans la tourmente. L'EPA a annoncé lundi avoir étendu ses investigations à d'autres entreprises pour "détecter" la présence de logiciels similaires dans des voitures déjà en circulation aux Etats-Unis.
En France, le Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA) s'est dit mardi favorable à une enquête européenne sur le contrôle des émissions des véhicules. Une telle procédure "permettra de confirmer que les constructeurs français respectent les procédures d'homologation en vigueur dans tous les pays où ils opèrent", indique un communiqué du Comité des constructeurs français d'automobiles (CCFA).
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