Ouverture le dimanche : le grand écart entre les enseignes
Alors que de nombreux magasins et centres commerciaux seront ouverts le dimanche à l'occasion des fêtes, franceinfo fait le point sur l'ouverture dominicale le reste de l'année. Certaines enseignes sont autorisées à ouvrir tous les dimanches, à condition de signer un accord avec les salariés. La situation est pour le moins contrastée d'un magasin à l'autre.
Irez-vous faire vos courses de Noël ce dimanche ou le suivant ? C'est en tout cas jour d'ouverture pour de nombreux magasins, pendant la période des fêtes : certains utilisent le fameux "dimanche du maire", une dérogation municipale à la règle du repos dominical des salariés qui peut aller jusqu'à 12 par an, depuis le vote de la loi Macron.
D'autres profitent d'une nouveauté de la loi, lorsqu'ils sont situés en ZTI (Zone Touristique Internationale) : ils peuvent alors ouvrir tous les dimanches, à condition de trouver un accord avec leurs salariés.
500 emplois à la clé aux Galeries Lafayette
En la matière, certains font figure de bons élèves, comme les Galeries Lafayette, le grand magasin parisien par excellence : 43 000 m2 de surface de vente, en plein coeur de la capitale, 2 000 employés pour 37 millions de visiteurs annuels - soit sept fois la fréquentation de la Tour Eiffel !
Une ouverture chaque dimanche pourrait signifier une hausse du chiffre d'affaires de 5 à 8%, selon les calculs de la direction, qui a signé un accord avec deux syndicats.
Prévu pour entrer en vigueur début janvier, il prévoit notamment 500 embauches en CDI à temps partiel (24h de travail payées 32h les vendredis, samedis et dimanches), sur des postes pour le moins... variés : "Nous recherchons sur des métiers de vente essentiellement, et dans les métiers de service, comme l'accueil, explique Frédérique Chemaly, la DRH du groupe Galeries Lafayette, mais nous recrutons également des pompiers, des électriciens et des infirmières !"
Et de poursuivre : "Mais nous sommes aussi intéressés par des profils internationaux, des candidats qui parlent le mandarin, le coréen, le portugais, le japonais et bien évidemment l'anglais."
Pression sur les "sous-traitants" des grands magasins
Quant aux actuels salariés, ils pourront travailler jusqu'à huit dimanches par an au maximum, les journées leur seront payées double et ils bénéficieront d'un jour de récupération : 92% d'entre eux seraient volontaires !
Pourtant, tout n'est pas rose aux yeux de la CGT. Le syndicat refuse de manière globale tous les accords sur le travail du dimanche. Et dans le cas des Galeries Lafayette, Céline Carlen, de la CGT Commerce Paris, dénonce une forme de chantage dont sont victimes les démonstrateurs des marques, présents dans le magasin sans en être salariés.
"C'est le phénomène de la sous-traitance, qu'on appelle dans les grands magasins la "démonstration", dénonce-t-elle. Cela représente environ 80 à 90% du personnel à la vente. La pression est redescendue immédiatement sur les marques, qui elles-mêmes expliquent aux représentants des salariés que s'ils ne sont pas en capacité de conclure un accord, ils seront dégagés par le grand magasin, et que donc, cela supprimera des emplois."
Un enjeu énorme pour les centres commerciaux
Au-delà des grands magasins, à l'exception du Printemps, une soixantaine d'accords ont aujourd'hui été conclus, surtout dans des enseignes présentes dans les centres commerciaux, comme Nature et Découvertes ou l'Occitane, par exemple.
L'enjeu pour les enseignes est en tout cas énorme : le dimanche est ainsi devenu en moins d'un an le deuxième jour de fréquentation de la semaine au centre commercial de Beaugrenelle, dans le 15e arrondissement de Paris, classé en ZTI.
"Nous avons créé, grâce à l'ouverture dominicale, 110 emplois, et nous en serons à 140 lorsque 100% des enseignes seront ouvertes, détaille Maurice Bansay le PDG d'Apsys, propriétaire du site. Nous avons réussi à faire 28% de fréquentation touristique supplémentaire, nous avons 15 à 18% de fréquentation et autant en chiffre d'affaires, si ce n'est plus. Au bout d'un an d'exploitation de Beaugrenelle, je peux vous assurer que le bilan est extrêmement positif dans tous les domaines."
Vers un accord général de branche ?
La marque de lingerie Etam, elle, a signé un accord dès le mois d'octobre 2015, mais elle n'ouvre que 60 magasins sur 700 le dimanche. Son DRH, Jean-Paul Charlez, ne veut pas banaliser le travail dominical : "Pour les salariés, c'est une contrainte, puisque la société française n'est pas faite pour le dimanche : il n'y a pas de crèches, il y a moins de transports, etc."
Il faut veiller à ce que le dimanche ne soit travaillé que sur la base du volontariat, avec la possibilité pour le salarié, si sa vie personnelle ou familiale change, de rompre ce volontariat, sans que ça ait des incidences néfastes sur son contrat de travail.
Pour l'instant, les accords signés semblent très disparates : à Etam, les salariés travaillant le dimanche sont payés double avec un jour de récupération ; mais la surprime n'est que de 30% dans les boutiques de vêtements Comptoir des Cotonniers.
Un accord global est toutefois attendu au niveau de la branche professionnelle de l'habillement : cela permettrait à toutes les boutiques de vêtements d'ouvrir le dimanche dans les ZTI, sans passer par une négociation d'entreprise.
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