Faillite de la Silicon Valley Bank : c'est quoi le "bank run", ce phénomène qui fait cauchemarder toutes les banques ?
On parle de "bank run" quand tous les clients d'une banque paniquent et veulent retirer leur argent en même temps. C'est ce qui est arrivé à la Silicon Valley Bank, victime d'une faillite express vendredi 10 mars. Or, une bonne partie de l'argent déposé par les clients d'une banque est placée sur les marchés financiers et il n'est donc pas disponible immédiatement. Lorsque tous les clients réclament leur dû au même moment, la banque ne peut plus suivre, faute de liquidités suffisantes. C'est ce qui s'est passé pour la Silicon Valley Bank, dont la faillite fait souffler un vent de panique sur les marchés.
Peu connue du grand public, la SVB s'était spécialisée dans le financement des start-up. La banque avait investi dans des bons du Trésor et des obligations, des placements réputés sûrs, car garantis par l'Etat, jusqu'à devenir la 16e banque américaine. "Cela a bien fonctionné jusqu'à ce que les taux d'intérêt soient relevés brutalement, ce qui a drastiquement réduit la valeur de ses bonds sur les marchés", explique David Wessel, spécialiste du secteur bancaire, interrogé par 20 Minutes.
Sauf qu'il y a quelques semaines, le secteur de la tech a commencé à rencontrer des difficultés. Les start-up cliente de la Silicon Valley Bank ont donc voulu récupérer une partie de leur argent. Mais la SVB, n'ayant pas assez de liquidités (c'est-à-dire du cash disponible immédiatement), a dû vendre ses obligations à perte.
Une prophétie autoréalisatrice
Comme souvent sur les marchés financiers, tout est une question de confiance. Dès lors que la SVB a montré des signes de fragilité, de plus en plus de clients ont pris peur et ont voulu récupérer leur argent. C'est là que le "bank run" a débuté. Par mimétisme, ceux qui avaient un compte bancaire à la SVB ont voulu le vider.
On peut même comparer ce phénomène aux pénuries de carburant qui ont pu toucher la France, une prophétie autoréalisatrice, selon Yamina Tadjeddine-Fourneyron, professeure d'économie à l'université de Lorraine. "Le fait d'y croire provoque l'événement. Si on dit qu'il n'y aura plus de tel produit, les consommateurs causent la pénurie en se précipitant pour en acheter", illustre-t-elle dans Le Parisien.
C'est pour faire face à ce phénomène que les institutions grecques avaient régulé l'accès aux distributeurs, lors de la crise de la dette en 2015. A cette époque, les citoyens avait perdu la confiance, et s'étaient rués vers les banques pour récupérer leur argent.
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