"Panama Papers" : l'Algérie refuse des visas à des journalistes français, les médias boycottent le déplacement de Valls
"'Le Monde' regrette cette décision et proteste contre cette entrave à la liberté de la presse", a réagi le directeur du quotidien.
Les journalistes français ne sont pas les bienvenus dans la patrie de Bouteflika. L'Algérie a refusé d'accorder des visas à plusieurs journalistes, dont un reporter du Monde, avant la visite officielle du Premier ministre, Manuel Valls, à Alger, qui débute samedi et doit durer deux jours.
En effet, le pays n'a pas digéré les révélations du journal, dans le cadre des "Panama Papers". Le Monde a notamment mis en cause le ministre de l’Industrie et des Mines algérien, Abdeslam Bouchouareb. Le quotidien avait également publié une photographie du président Abdelaziz Bouteflika parmi les dirigeants mis en cause, avant de se raviser, précisant que le nom du chef de l'Etat algérien "n'apparaît pas dans les Panama Papers".
"Le Monde regrette cette décision et proteste contre cette entrave à la liberté de la presse", a réagi le directeur du quotidien, Jérôme Fenoglio, vendredi 8 avril.
« Panama papers » : « Le Monde » proteste contre le refus de visa par l’Algérie à un de ses journalistes https://t.co/U8juqFkSaq
— Jérôme Fenoglio (@JeroFeno) 8 avril 2016
"Une mesure de rétorsion"
Dans un communiqué, le ministère des Affaires étrangères algérien avait également évoqué "une campagne de presse hostile à l'Algérie et à ses institutions menée en France dans différents médias". "[Ces refus de visa sont] une mesure de rétorsion", considère une source officielle française. Mercredi, déjà, l'ambassadeur de France à Alger, Bernard Emié, avait été convoqué par les autorités algériennes.
Deux journalistes du "Petit journal" de Canal + n'ont pas obtenu de visa, notamment en raison d'un reportage sur le président Abdelaziz Bouteflika, diffusé l'an dernier. "On peut imaginer que le ton de nos reportages leur déplaît, mais on n'a eu aucune explication", a toutefois précisé une source proche de la chaîne française.
Les médias français boycottent le déplacement
Après avoir appris ces refus, le Premier ministre Manuel Valls a contacté son homologue algérien, Abdelmalek Sellal, pour lui faire part de son désaccord. En vain. En signe de protestation, plusieurs médias français ont donc décidé de boycotter le déplacement, dont France Inter, France Culture, Le Figaro et Libération. Ce dernier qualifie la décision algérienne de "défaite pour la liberté de la presse". La direction de France Télévisions refuse également d'envoyer les rédacteurs de France 2 et France 3 suivre la visite de Manuel Valls à Alger.
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