"Il y a des personnes que l'on recrute mais qui finalement ne viennent jamais" : l'hôpital public boudé par les infirmiers
C'est l'une des revendications du personnel hospitalier : la réouverture de lits dans les hôpitaux. Mais en paralèlle, le service public a du mal à recruter. Entre manque de moyens et salaires jugés trop bas, les infirmiers sont nombreux à se diriger aujourd'hui vers le privé.
"Les nouvelles générations ne veulent plus travailler le week-end ou la nuit. Pourtant, c'est quelque chose d'obligatoire dans les hôpitaux." À l'hôpital de Corbeil, en Essonne, Nathalie Galland recherche du personnel en permanence, mais la tâche est pour le moins complexe.
Elle n'est d'ailleurs pas la seule à dresser ce constat. En réponse à la colère du personnel hospitalier, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, s'est déclarée favorable à la réouverture de lits dans les hôpitaux. Problème, impossible de recruter, en particulier des infirmiers. À l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), il y a 400 postes d'infirmiers vacants.
Le manque de moyens et les salaires bas éloignent les candidats
Pourtant, les écoles d'infirmiers font le plein. Comme celle de l'hôpital Tenon, à Paris. Les journées portes ouvertes attirent toujours beaucoup de monde, comme Sophie, qui se verrait bien exercer cette profession : "C'est un très beau métier, un métier humain. Mais je ne suis pas sûre de me diriger vers le public. Ma cousine est infirmière, et elle ne me fait pas l'éloge de l'hôpital public."
Tout le problème est là. À la sortie de l'école, la plupart des diplômés se dirigent vers le privé. Martine Mathieu est cadre formateur : "Actuellement, un tiers de nos élèves vont vers le public. Les autres partent dans le privé et les organismes d'intérim." Il y a pourtant du travail garanti à l'hôpital public. Hugo terminera ses études d'ici quelques mois, et il se destine dans un premier temps au public. "On a pu voir en stage que c'était un métier difficile", explique-t-il. "On n'a pas toujours les moyens, les salaires ne sont pas très élevés. Si à terme je trouve ça trop usant, que ça empiète trop sur ma vie personnelle, je pense que je partirai dans le privé."
Je ne sais pas si je resterai dans le public, ça va dépendre de tout ce que l'on encaissera : la fatigue, la charge de travail, etc.
Édith, élève infirmièreà franceinfo
Tous ces facteurs expliquent la pénurie. À l'hôpital de Corbeil, en Essonne, Nathalie Galland peut recevoir de nombreux infirmiers avant de réussir à en recruter un : "Dès que l'on commence à parler du travail de nuit, les candidats mettent fin à l'entretien. Il y a en aussi parfois que l'on recrute mais qui finalement ne viennent jamais travailler."
Alors l'hôpital public tente d'être le plus attractif possible. La directrice de l'école d'infirmiers de Tenon, un établissement qui dépend de l'AP-HP, détaille : "On a un parc de 8 000 logements, la possibilité d'avoir des places en crèche, la gratuité des soins médicaux..." Des avantages auxquels s'ajoutent une prime d'installation de 2 000 euros bruts, et depuis peu, des primes annoncées par la ministre de la Santé pour la petite couronne parisienne et les services d'urgences.
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