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Témoignage Crise des urgences : "Les médecins sont prêts à travailler un peu plus quand ça a du sens", assure un médecin libéral

Parmi les propositions retenues pour désengorger les services d'urgences, il y a cette majoration de 15 euros par consultation pour les médecins libéraux, qui accepteront de recevoir, sans rendez-vous, des patients nécessitant une prise en charge rapide pour des petits soins. Ce dispositif débute cette semaine. Un médecin libéral volontaire témoigne.

Article rédigé par Solenne Le Hen
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Campagne de communication incitant à ne pas se rendre aux urgences et à appeler le 15 ou son médecin, à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). (ADRIEN FILLON / HANS LUCAS)

L'incitation par le porte-monnaie. La "mission flash" dilligentée au mois de juin par le nouveau ministre de la Santé, François Braun, pour désengorger les services d'urgences durant l'été a mis sur pied quelque 41 propositions, toutes retenues par Elisabeth Borne. Parmi cet ensemble de mesures, celles d'une majoration de 15 euros pour les médecins libéraux pour la prise en charge de personnes qui ne sont pas dans leur patientelle. S'ils acceptent de recevoir un patient dans un état non grave réorienté par le 15, ils recevront ce "bonus".

>> Hôpitaux : meilleure rémunération du travail de nuit, bonus pour les médecins libéraux... Elisabeth Borne présente le plan du gouvernement contre la crise des urgences

Un "bonus" pour les médecins

C'est le cas du docteur Alice Perrain. Son agenda de consultations est déjà bien chargé, mais avec ses quatre collègues de la maison de santé de Touraine où elle travaille, elle va faire en sorte de trouver quelques créneaux supplémentaires si nécessaire. "On a un certain nombre de créneaux réservés qui ne sont ouverts que le jour même. Et la secrétaire sait qu'elle peut nous solliciter s'il n'y a plus de rendez-vous. On peut même trouver une place dans l'heure", témoigne-t-elle. 

"Les médecins sont prêts à travailler un peu plus quand ça a du sens"

Docteur Alice Perrain

franceinfo

Elle l'assure : "Si cela a du sens et que ce n'est pas une demande inconsidérée de personnes qui, par exemple, veulent absolument leur rendez-vous avant 14 heures parce qu'à 16 heures, ils vont chez le coiffeur, par exemple", alors dans ce cas elle recevra le patient, glisse-t-elle.

À chaque patient adressé par le Samu ou le 15, le Dr. Perrain recevra donc 15 euros de la Sécurité sociale. "C'est du bonus", estime-t-elle car prendre des patients en plus, des urgences non vitales mais relatives, ce médecin généraliste le fait depuis plusieurs mois, via un dispositif expérimental : le SAS, le Service d’Accès aux Soins.

Il s'agit d'un dispositif prévu par le Pacte de refondation des urgences en 2019, censé permettre une meilleure orientation du patient dans le système de soins, et d’avoir accès à un rendez-vous en ville en cas de besoin. "Au centre 15, le patient a soit un simple conseil, soit, dans 10% des cas, il peut y avoir nécessité d'une consultation médicale chez un médecin généraliste en cabinet. Et il va recevoir ce patient dans les 48 heures", explique Alice Perrain.

"Une activité habituelle" pour les médecins libéraux

En Indre-et-Loire, où travaille Alice Perrain, plus d'un quart des médecins libéraux acceptent déjà de prendre régulièrement le relais du Samu. "Les gens appellent le 15 pour énormément de choses", selon elle. Elle fait le bilan : "Des otites pour les enfants, cystite, bronchites, le Covid avec des complications, des problème de dos, des douleurs de genoux, des entorses... C'est une activité habituelle pour nous, cela n'a rien d'extraordinaire", explique-t-elle.

Et pour désengorger les urgences des hôpitaux, le Dr. Alice Perrain se réjouit également d'une autre mesure mise en place cette semaine : celle de permettre aux patients qui ne sont pas mobiles - les personnes âgées, les personnes en situation de handicap - d'être transportées en ambulance ou taxi jusqu'au cabinet d'un médecin généraliste. Les transports sanitaires étaient jusqu'ici autorisés uniquement vers les services d'urgences.

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