Cinq fois plus de grèves des contrôleurs aériens en France que dans le reste de l'Europe : un rapport "exagéré" selon les syndicats
Norbert Bolis, secrétaire général CGT de l'Union syndicale de l'aviation civile, a expliqué, lundi soir sur franceinfo, que "si on a beaucoup de grèves en France, c'est parce qu'on a beaucoup de difficultés dans le dialogue social".
Les contrôleurs aériens français sont les champions européens de la grève, selon un rapport publié, lundi 18 juin par le Sénat. Pour la période 2004 - 2016, la France a enregistré 254 jours de grève. Le deuxième pays qui a fait le plus grève, la Grèce, n'en enregistre que 46. Pour Norbert Bolis, secrétaire général CGT de l'Union syndicale de l'aviation civile, lundi soir sur franceinfo, les termes du rapport sont, dans l'ensemble, "exagérés". Cette question dépasse celle du contrôle aérien, "c'est parce qu'on a beaucoup de difficultés dans le dialogue social" en France. Le syndicaliste récuse aussi l'idée de "grève de solidarité", car quand il y a des mouvements de défense du service public, "on est directement concernés".
Selon le sénateur UDI Vincent Capo-Canellas, auteur du rapport, les contrôleurs aériens français ont la particularité de se mobiliser aussi bien sur des "mouvements corporatistes et des grèves de la fonction publique". Résultat, quand on prend l'avion en France, on a cinq fois plus de chance de tomber sur une grève que dans un autre pays européen.
franceinfo : Faites-vous grève sur des sujets qui ne vous concernent pas directement ?
Norbert Bolis : Non, évidemment non. Je note qu'il s'agit d'un rapport sur la modernisation des services de la navigation aérienne. J'avais cru comprendre que ça traitait d'un certain nombre de sujets importants de la navigation aérienne et pas spécifiquement de la question des grèves.
Pourquoi est-ce cinq fois plus que la Grèce ?
Ça dépasse la question du contrôle aérien, c'est la question du dialogue social en France. Si on a beaucoup de grèves en France, c'est parce qu'on a beaucoup de difficultés dans le dialogue social. On n'est pas, dans le contrôle aérien, particuliers de ce point de vue-là. Air France, la SNCF... on en parle régulièrement. Il ne s'agit pas de grève de solidarité. Monsieur Canellas doit savoir que les contrôleurs aériens, comme tous les personnels de la direction générale de l'avion civile, c'est-à-dire les 11 000 agents, sont des fonctionnaires. Donc, lorsqu'il y a des mouvements de la fonction publique, qui sont pour la défense du service public, évidemment qu'on s'y inscrit. Pas pour des raisons de solidarité, mais parce qu'on est directement concernés.
Le rapport insiste sur la vétusté du matériel de contrôle. Est-ce une réalité pour vous ?
Les termes du rapport Canellas sont exagérés. La sécurité est assurée, c'est clairement noté dans le rapport. Si on avait des systèmes aussi vétustes que le décrit Monsieur Canellas, on aurait du mal à assurer la sécurité. Il y a une certaine contradiction. Il faut avoir un peu de discernement. On a un système automatisé depuis déjà plusieurs d'années. On a un système Cotra qui doit être remplacé par un système qui s'appelle 4-Flight. Monsieur Canellas note un certain retard dans la livraison de ce système, qui pourrait apporter des gains en capacité, c'est vrai. Même si c'est toujours difficile de quantifier la capacité obtenue par la modernisation des systèmes. On n'est pas dans une situation où tout est bloqué, en attendant le système 4-Flight. Aujourd'hui les agents de la DGAC travaillent quotidiennement sur l'entretien, la modernisation et l'amélioration du système existant, ce qui permet de dire que la sécurité est assurée. Les contrôleurs travaillent dans des conditions acceptables.
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