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"Je bosse 36 dimanches dans l'année et ce n'est pas un privilège" : à Saint-Pierre-des-Corps, les cheminots prêts à la grève

Les ordonnances réformant le statut des cheminots seront présentées mercredi en Conseil des ministres. Commencera alors un bras de fer, une quinzaine sociale entre la rue et le gouvernement. À Saint-Pierre-des-Corps, ville cheminote par excellence près de Tours, la grève se prépare.

Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Un cheminot en grève, à Donges (Loire-Atlantique), le 25 mai 2016. (JEAN-SEBASTIEN EVRARD / AFP)

C'est le vrai coup d'envoi de la réforme de la SNCF. Le projet de loi d'habilitation des ordonnances est officiellement présenté mercredi en Conseil des ministres. Parmi les mesures envisagées : la fameuse suppression du statut de cheminot pour les nouveaux embauchés et la transformation juridique du statut de la SNCF.

Cette réforme qui suscite depuis le début l'hostilité unanime des syndicats pourraient annoncer une prochaine grève reconductible... Et la colère semble bien palpable. À Saint-Pierre-des-Corps, près de Tours, une ville de tradition cheminote où la SNCF emploie encore environ 2000 personnes, le mouvement s'organise. Ici, ils en ont ras-le-bol du "cheminots bashing" : "Moi en tant que conducteurs je bosse 36 dimanches dans l'année et je ne vois pas en quoi c'est un privilège", rappelle Rodolphe Badinier. Ce conducteur de train depuis 18 ans, militant CGT, veut rappeler certaines vérités et dénonce les tactiques du gouvernement pour stigmatiser les cheminots. 

"Je perds 80 euros par jour, si je fais un mois de grève, je n'ai plus de salaire"

Mais cela suffira-t-il à provoquer une grève "historique" ? Pas sûr. Car les temps sont durs. Même s'il est favorable à la grève, Dominique Thébaud, de SUD Rail, en mesure les sacrifices nécessaires : "C'est compliqué pour tout le monde. Personnellement, je perds 80 euros par jour. Si je fais un mois de grève, je n'ai plus de salaire." Autre militant de SUD Rail, Willy Tavard, lui, est déjà prêt. "Oui, je m'y prépare. J'ai une femme et des enfants, je vais perdre 75 euros par jour. Après est-ce que tout le monde va suivre, on verra..."

Si cette bataille du rail semble difficile pour les fédérations de cheminots, elles devraient quand même fixer la date d''une grève reconductible, a priori début avril pour laisser passer la manifestation nationale du 22 mars à Paris qui aura valeur de test et à laquelle participeront de nombreux cheminots venus de Saint-Pierre-des-Corps.

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