: Vidéo Quelles sont les origines de la grève?

“Le tournant du 20e siècle, ça peut être considéré comme le premier âge d'or de la grève”, explique Bastien Cabot, Docteur en histoire contemporaine. Ce jeudi 19 janvier 2023, un appel national à la grève veut contester la réforme des retraites, proposée par le gouvernement. La grève, acte social de revendication, ne date pas des temps contemporains. Ses origines prennent racines au 12e siècle avant Jésus-Christ, où la première grève officielle est enregistrée en Égypte. 

“Il y a une tradition de conflit bien ancrée dans le syndicalisme français”

La première grève est autorisée en France au 13e siècle. Mais son premier âge d'or est marqué lors du passage au 20e siècle. “C'est dans ces années-là que la culture de la grève, c'est-à-dire ce moment de fête, ce moment de célébration, ce moment de cortège qui vise à se promener dans les rues d'une ville, dans les rues d'un coron, prend forme, où on manifeste en famille, avec les femmes, les enfants”, raconte Bastien Cabot.

“Souvent, d'ailleurs, les femmes sont au premier plan du cortège, pour une raison très simple, c'est-à-dire que du fait de leur inégalité juridique, la police n'ose pas forcément s'en prendre aux femmes directement, ni aux enfants, donc il y a aussi quelque chose de très stratégique derrière, mais oui, on peut dire que c'est à ce moment-là que naît une certaine représentation de la grève, notamment de la grève ouvrière, évidemment”, ajoute Bastien Cabot.

Cependant, le droit de grève n’est pas égalitaire partout dans le monde. “La plupart des pays occidentaux inscrivent le droit de grève dans leur Constitution. Mais les modes de régulation des conflits vont être différents selon les pays. Pour la Grande-Bretagne, la RFA puis l'Allemagne, la Belgique, les Pays-Bas, le Luxembourg, en général, on privilégie d'abord la conciliation et la négociation, et ensuite, on passe au conflit si ces tentatives de conciliation échouent. En France, et c'est un cas de figure que la France partage aussi avec l'Italie par ailleurs, et parce qu'il y a une tradition de conflit, aussi, bien ancrée dans le syndicalisme français, on privilégie d'abord la grève, et ensuite, puisqu'il y a un rapport de force, on procède à la quête de solutions et à la conciliation”, détaille l’historien.