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Réforme des retraites : à quoi faut-il s'attendre pour la rentrée ?

Loin d'avoir éteint la contestation, le gouvernement se prépare à une série de nouvelles mobilisations.

Article rédigé par franceinfo
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Des manifestants contre la réforme des retraites, le 17 décembre 2019 à Paris. (SAMUEL BOIVIN / NURPHOTO / AFP)

Après les négociations qui se sont tenues, jeudi 19 décembre, à Matignon, les principaux syndicats mobilisés contre la réforme des retraites ont fait part de leur insatisfaction et de leur intention de poursuivre le mouvement. Aucune trêve ne semble se profiler pour Noël, malgré un appel en ce sens de la CFDT, et les mobilisations s'apprêtent à reprendre dès le retour des vacances de Noël. Voici à quoi il faut s'attendre une fois les fêtes terminées.

Une grande manifestation interprofessionnelle le 9 janvier

Le gouvernement "jette de l'huile sur le feu" en prenant pour cible les cheminots et les électriciens en grève contre sa réforme des retraites, a affirmé, vendredi 20 décembre, le secrétaire général de la CGT, Philippe Martinez. "La CGT évidemment ne partage pas ce projet, donc au nom de l'intersyndicale (CGT, FO, CFE-CGC, Solidaires, FSU), je peux vous annoncer qu'une prochaine journée interprofessionnelle d'action aura lieu le 9 janvier prochain", avait-il lancé dès sa sortie de Matignon jeudi. Dans un communiqué, l'intersyndicale a confirmé cette date, ajoutant qu'elle était arrêtée "au-delà des initiatives d'ores et déjà programmées et sans trêve jusqu'à la fin de l'année 2019".

Toutes et tous ont compris qu’avec ce projet gouvernemental, toutes les catégories socio-professionnelles et toutes les classes d’âge seraient perdantes.

L'intersyndicale

dans un communiqué

Des actions "citoyennes" organisées par la CFDT

Interrogé, jeudi, sur la participation de la CFDT à cette nouvelle journée d'action, Laurent Berger a répondu que "si, début janvier, [l']âge d'équilibre était toujours dans l'horizon", son syndicat prendrait "des initiatives". Le ton était d'ailleurs déjà un peu plus sévère au lendemain de la réunion à Matignon, vendredi 20 décembre. "Je vous le dis : ça va monter très, très fort au mois de janvier sur cet âge pivot. Et la CFDT, à partir du 6 janvier, va interpeller les parlementaires, elle va aussi avoir des actions de mobilisation", a mis en garde Laurent Berger.

Le syndicat compte en effet "proposer aux citoyens de se mobiliser, y compris – pourquoi pas – un samedi", sans passer par des manifestations classiques mais plutôt "des rassemblements, des choses plus festives que ce qu'on fait habituellement". "On va regarder ça juste avant l'examen du projet de loi en Conseil des ministres [le 22 janvier], je crois qu'il faut faire monter cette idée que demander de travailler plus longtemps à ceux qui ont déjà leur carrière complète quand ils vont arriver en retraite, ce n'est pas acceptable", a ajouté Laurent Berger.

Dans sa réforme des retraites, le gouvernement prévoit en effet l'instauration d'un "âge pivot" à 64 ans, assorti d'un système de bonus-malus, une mesure "injuste" que Laurent Berger veut voir retirée du projet de loi. En attendant de reprendre les discussions avec le gouvernement à la rentrée, le leader de la CFDT a néanmoins de nouveau appelé à "une trêve à Noël". "Il faut que chacun puisse circuler librement pour faire ce qu'il a à faire pendant les fêtes."

Des grèves dans les écoles

Le principal syndicat des professeurs des collèges et lycées, le Snes-FSU, avait d'ores et déjà annoncé son intention de remobiliser ses troupes après les vacances de Noël, dans les deux premières semaines de janvier. Jeudi, il a appelé les professeurs à se joindre à la mobilisation du 9 janvier. Un certain nombre d'établissements risquent donc de devoir fermer, faute d'enseignants.

Les professeurs dénoncent le fait que la réforme prendra désormais comme base de calcul l'ensemble de leur carrière pour établir le montant de leur pension, contre les six derniers mois actuellement. Le gouvernement a promis, pour compenser le manque à gagner, de revaloriser les salaires de façon substantielle, mais cette annonce n'a pas convaincu les syndicats.  

Une mobilisation des hôtesses de l'air et stewards

Le personnel navigant du transport aérien pourrait bien décider de se joindre au mouvement de grève contre la réforme des retraites. Le syndicat SNPNC-FO a, en effet, appelé "l'ensemble des personnels navigants commerciaux" à se joindre au mouvement "pour défendre notre régime de retraites", du 3 au 6 janvier 2020.

Ce préavis de grève pourrait être levé si le rendez-vous avec le gouvernement, qui a été fixé au 23 décembre, débouchait sur une issue positive.

Une poursuite probable de la grève dans les transports

Les syndicats représentatifs dans les transports ne sont, à ce jour, pas satisfaits par le projet de loi du gouvernement ni par les annonces faites par Edouard Philippe à la sortie des négociations de jeudi. Si L'Unsa ferroviaire, deuxième syndicat de la SNCF, a voulu ouvrir la porte, jeudi, à "une pause pour les vacances scolaires", la CGT-Cheminots et SUD-Rail, première et troisième organisations syndicales de la compagnie, ont immédiatement annoncé leur intention de continuer le mouvement sans trêve. Il est donc fort probable que le trafic soit encore très perturbé en janvier. La CFDT-Cheminots a maintenu son appel à la grève vendredi 20 décembre au soir.

Invité de franceinfo plus tôt dans la journée, le secrétaire fédéral de SUD-Rail, Erik Meyer, a estimé que la "pause" souhaitée par l'Unsa ferroviaire n'aurait pas "d'impact direct et fort sur le trafic" pendant les fêtes de fin d'année.

De nouvelles réunions entre le gouvernement et les partenaires sociaux

Edouard Philippe a invité tous les partenaires sociaux à se réunir à nouveau à Matignon "dans les premiers jours de janvier""Nous consulterons les partenaires sociaux et je proposerai, mi-janvier, une méthode qui nous permettra soit d'atteindre un accord qui pourrait se substituer à la solution que j'ai proposée, soit, à tout le moins, d'améliorer celle-ci en tenant compte des propositions des syndicats", a-t-il déclaré. 

Une proposition acceptée par la CFDT. "On ira, on travaillera, mais il y a un point dur qui est cette question de recherche de l'équilibre à court terme, donc on en est là ce soir", a commenté Laurent Berger jeudi. Il a néanmoins douté qu'un accord différent puisse être trouvé, compte tenu "du cap fixé et de cet âge d'équilibre"

Pourtant, "peu de temps reste pour discuter", a expliqué Yves Veyrier, secrétaire général de Force ouvrière, pour qui le calendrier laisse peu d'espoir de changement majeur. "Il faut appuyer sur le bouton stop, mettre de côté cette très mauvaise idée et alors seulement, on pourra négocier", a-t-il estimé.

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