Retraites : François Hollande juge le climat social "inquiétant" et évoque "une épreuve pour les Français, pour l'économie et pour la France"
L'ancien chef de l'État dénonce un "défaut de dialogue social" dans la présentation de la réforme et "un problème de justice".
"C'est inquiétant parce que c'est une épreuve pour les Français, pour l'économie et pour la France", a jugé François Hollande sur France Inter mercredi 18 décembre, au sujet du climat social engendré par la réforme des retraites et la grève qui l'accompagne. "C'est d'abord une épreuve pour les usagers qui sont amenés à se déplacer dans des conditions particulièrement difficiles. C'est une épreuve aussi pour l'économie, pour les commerçants qui attendaient les fêtes de noël pour faire leur chiffre d'affaires et c'est une épreuve également pour la France et l'image de notre pays après le mouvement des 'gilets jaunes' l'an dernier."
"Un problème d'abord de méthode"
"C'est un manquement, un défaut de dialogue social", a estimé l'ancien président de la République qui a évoqué trois problèmes dans cette réforme. "Un problème d'abord de méthode. Faire deux ans de consultations sur des sujets généraux, promettre l'universalité sans qu'il y ait d'information, cela a suscité inquiétude, crainte et contestation, tout cela pour aboutir au mois de décembre avec Noël à la fin et un projet improvisé, pas suffisamment préparé. C'était rentrer dans une logique de conflit."
"Un problème de confiance"
Le deuxième problème, selon François Hollande, "c'est un problème de confiance". "Un nouveau régime universel par point c'est un changement complet, qui peut avoir son fondement mais qui suppose qu'il y ait une confiance dans le pays, qu'il n'y ait pas de doute sur la valeur du point, sur les garanties qui peuvent être accordées à ceux qui ont déjà cotisé. Quand une société est déjà divisée tourmentée, quand elle n'a pas confiance c'est très difficile de trouver un accord."
"Un problème de justice"
"Le troisième problème, c'est un problème de justice", a estimé François Hollande. "Beaucoup de Français sont prêts à faire des efforts, mais quand il n'y a pas de justice, ils ne peuvent pas consentir", a-t-il indiqué en référence à "la découverte de l'âge pivot au dernier moment de la discussion et à la question de la pénibilité qui n'a pas été réglée".
"Il fallait que, pendant deux ans, toutes les garanties soient apportées aux organisations syndicales, insiste François Hollande. Or certaines garanties sont à peine esquissées mais aucune n'est inscrite dans le marbre."
La question de la garantie du point est, à ce sujet, essentielle. Sans garantie, c'est une vulnérabilité qui deviendrait béante dans un régime futur.
François Hollandeà France Inter
François Hollande a estimé en revanche que cette réforme n'est pas "le cheval de Troie de la capitalisation en France", comme a pu l'affirmer la France insoumise :"La capitalisation peut s'introduire dans toutes les formes de régime, dès lors que les régimes de répartition n'offrent pas des retraites suffisantes, alors les salariés sont amenés à cotiser à des régimes assurantiels." Mais, a-t-il ajouté "ceux qui gagnent plus de 10 000 euros par mois, ceux-là se sont déjà organisés. Pensez bien que ce n'est pas par des régimes de répartition qu'ils se font leur retraites et leur fin de carrière ou de vie !", a-t-il lancé.
Pour l'ancien chef de l'État, "ce conflit risque de durer parce que le projet doit être présenté en conseil des ministres le 22 janvier et discuté devant l'assemblée nationale au mois de mars ou après les municipales."
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