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Retour de l'encadrement des loyers à Paris : C'est un "mauvais signal de défiance et de sanction" pour les propriétaires selon la FNAIM

La FNAIM dénonce le retour de l'encadrement des loyers à Paris, qui risque de rendre frileux les propriétaires.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-Marc Torrollion, lors du congrès de la FNAIM le 12 décembre 2017. (VINCENT ISORE / MAXPPP)

Le retour de l'encadrement des loyers à Paris d'ici cet été est "un mauvais signal", déclare mercredi 3 avril sur franceinfo Jean-Marc Torrollion, président fédéral de la FNAIM (Fédération nationale de l’immobilier). "C’est un signal de confiance qu’il faut donner aux bailleurs et non un signal de défiance et de sanction", poursuit-il.

"En quoi le propriétaire est fautif ? En quoi faut-il que celui qui a fait le choix du marché libre, soit finalement arbitrairement réquisitionné sur son revenu pour compenser un problème de logement", interroge le président fédéral de la FNAIM sur franceinfo.

franceinfo : Êtes-vous prêt à un retour de l'encadrement des loyers à Paris d’ici l’été ?

Jean-Marc Torrollion : On s’y prépare, mais on souhaite que cet encadrement n’ait pas lieu, car je crois que c’est un très mauvais signal qui est donné, à la fois aux propriétaires et aux locataires. On sanctionne finalement ceux qui ont décidé de placer leur épargne dans l’immobilier pour loger nos concitoyens. On les sanctionne en leur disant "on est en situation d’échec à Paris et c’est vous qu’on va faire payer". Ce n’est pas raisonnable et c’est même une mauvaise nouvelle pour les locataires, parce que c’est une forme de découragement et de mauvais signal qu’on donne.

En quoi est-ce un mauvais signal, quand on sait que 2/3 des habitants à Paris sont locataires et qu'en moyenne, les Parisiens déboursent 1100 euros par mois pour leur loyer ?

C’est un mauvais signal, parce que ce qui est important pour le locataire, c’est qu’il trouve un logement. Si demain, il n’y a pas de secteur privé locatif puissant et fort en face, ils n’en trouveront pas. Il faut au contraire avoir une politique d’offres, construire, favoriser la mise en location. C’est un signal de confiance qu’il faut donner aux bailleurs et non un signal de défiance et de sanction, donc on peut assister à des arbitrages, extrêmement défavorables à l’offre. Je crois qu’il serait bien plus intelligent de rétablir un préavis pour les locataires de 1 mois à 2 mois ou 3 mois, quand on est en zone tendue comme à Paris.

Les locataires ont plus souvent un problème avec le montant de leur loyer que le préavis...

Ils ont un problème avec le montant du loyer parce que l’offre est rare et peu disponible. Quand on rétablit l’offre, on crée une forme de concurrence et de perspective du marché. Je peux comprendre que le montant du loyer soit important, mais le montant des investissements consentis par les propriétaires est tout aussi important. En quoi ce propriétaire est fautif ? En quoi faut-il que celui qui a fait le choix du marché libre, soit finalement arbitrairement réquisitionné sur son revenu pour compenser un problème de logement ?

En quoi est-ce une pénalité pour un propriétaire ?

On ne peut pas augmenter les loyers librement depuis très longtemps, puisque lorsque vous êtes sur le marché locatif, chaque année, vous avez un décret qui limite l’augmentation des loyers en cas de changement de locataire, sauf si vous avez fait un certain nombre de travaux. Donc pour la très grande majorité des locataires à Paris, il n’y a pas d’augmentation significative des loyers. Les loyers sont quasi bloqués sans encadrement.

D’autres villes, comme Lille ou encore Grenoble réclament la mise en place de cet encadrement des loyers.

Je connais bien Grenoble puisque c’est là où je travaille. Les loyers ne cessent de baisser. À Lille, c’est la même chose. Le problème de Lille est spécifique sur les petits logements liés à une très forte activité universitaire. C’est ça qui est dangereux dans cet encadrement, il faut le justifier économiquement, mais en faire un marqueur politique est un mauvais signe donné aux bailleurs en France.

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