"C'est un scandale auquel il faut mettre fin" : la Fondation Abbé Pierre dénonce la reprise des expulsions après la trêve hivernale
A l'occasion de la fin de la trève hivernale, la Fondation Abbé Pierre a déroulé dimanche à Paris un paillasson géant devant le ministère de la Cohésion des territoires pour dénoncer les expulsions.
C'est un jour qu'ils redoutent : la fin de la trêve hivernale. Lundi 1er avril, tous les ménages qui sont sous le coup d'une décision judiciaire d'expulsion seront susceptibles de perdre leur logement. En 2017, 30 000 personnes ont été expulsées avec une intervention de la force publique, selon la Fondation Abbé Pierre. Pour dénoncer ces expulsions, l'association a mené une action "coup de poing", dimanche 31 mars, devant le ministère de la Cohésion des territoires, à Paris.
Sur un paillasson de 12 mètres carrés, déroulé devant le ministère en charge du Logement, dans le 7e arrondissement de Paris, on peut lire un slogan : "Bienvenue à la rue". L'objectif est d'attirer l'attention sur l'augmentation de 46% du nombre d'expulsions en dix ans, d'après les chiffres de la fondation. "C'est un scandale auquel il faut mettre fin", affirme Manuel Domergue, directeur des études au sein de l'association. Il assure que 125 000 décisions d'expulsion sont prises par la justice chaque année et que l'association a aidé 14 000 ménages menacés en dix ans. La fondation demande "un plan d'urgence pour éviter ces expulsions locatives".
Mieux accompagner les ménages
L'une des clés de la lutte contre les expulsions réside, selon Marie Rothhahn, dans un meilleur accompagnement des ménages. "Il n'y a pas suffisamment d'argent consacré aux aides qui sont vraiment utiles, comme le fonds de solidarité logement (FSL)", déplore cette juriste à la Fondation Abbé Pierre. "C'est incohérent puisque, politiquement, on prône le logement d'abord. On veut qu'il y ait plus de personnes sans domicile qui accèdent au logement mais on en met toujours plus à la rue !"
Elle demande au gouvernement de consacrer "a minima" 100 millions d'euros à un plan d'urgence. Une somme qui doit, selon elle, augmenter au fur et à mesure des années. "Bien sûr, cela s'accompagne d'une vraie politique sociale du logement, qui arrête de couper dans les APL et qui prend vraiment en compte les besoins des plus précaires."
Une action qui a touché les passants
Les spectateurs étaient nombreux, autour de ce grand paillasson. "Avant de les mettre dehors, il faut essayer de se battre pour avoir des solutions alternatives, créer des logements sociaux et accompagner les gens", affirme Marie-Anne. Cette ancienne assistante sociale regrette cependant que ce paillasson n'ait pas voation à rester devant le ministère : "Il faudrait que les ministres et les gens qui ont le pouvoir le voient."
Juste à côté, Christine observe l'action avec Lila, sa petite fille de 9 ans. "Ça montre justement qu'il y a du mal-logement en France", explique cette maman, qui a traversé Paris pour assister à l'opération. "Ça me paraîtrait normal que tout le monde puisse rester dans un logement décent." Sa petite fille abonde : "Tout le monde a le droit d'être logé. C'est pas normal qu'on les exclue."
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