"La ville nous épuise" : une habitante de Marseille, toujours en attente de relogement, raconte ses difficultés
Deux mois après l'effondrement de deux immeubles à Marseille, Nadera raconte ses difficultés après avoir quitté son logement.
Depuis le 17 novembre, Nadera a quitté son appartement situé au 38 boulevard Philippon dans le IVe arrondissement à Marseille. Cette mère célibataire ne fait pas partie du périmètre autour de la rue d'Aubagne, là où deux immeubles se sont effondrés le 5 novembre dernier. Pourtant, cette infirmière qui a arrêté de travailler pour s'occuper de son fils de 4 ans malade, a été évacuée à la suite d'un arrêté de péril grave et imminent. Depuis, elle vit à l'hôtel. "Mon fils est très perturbé, affirme Nadera, d'ailleurs j'ai pris rendez-vous avec un pédopsychiatre parce qu'on l'a arraché de son quotidien. C'est un traumatisme pour les enfants. Il a des troubles du comportement et des troubles du sommeil", explique-t-elle.
"J'attends que les travaux soient faits correctement"
Début janvier, la situation perdure. Nadera n'est toujours pas rentrée chez elle et vit encore à l'hôtel. "La ville nous épuise", soupire-t-elle. La propriétaire avait engagé des travaux, ils ont duré 10 jours. Et la mairie a prononcé une mainlevée de l'arrêté de péril le 4 janvier, quand l'entreprise a indiqué avoir terminé le chantier. Mais le 8 janvier, les locataires ont fait intervenir les marins-pompiers de Marseille, entraînant la venue des architectes de la ville qui n'ont pas autorisé les habitants à réinvestir les lieux. "J'attends que les travaux soient faits correctement", soupire Nadera.
Elle aimerait changer de logement, mais elle constate, désabusée : "C'est très compliqué, d'autant plus pour les femmes isolées comme moi. Je n'ai qu'un seul revenu. On ne peut pas se loger, donc on est obligé de vivre dans des conditions indécentes, indignes et d'insalubrité."
Nadera pointe la difficulté supplémentaire, d'après elle, de ne pas être dans le périmètre de la rue d'Aubagne, pour lequel un collectif s'est organisé pour suivre le relogement des évacués. "Nous, on est hors périmètre. Mais les trois quarts des évacués de Marseille sont hors périmètre ! Personne ne s'occupe de nous, on est complètement délaissés."
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