Immobilier : "Il n'a jamais été aussi difficile de devenir propriétaire pour la première fois ou locataire", déplore le président du réseau Laforêt

Sur le marché de la vente immobilière, en 2023, un Français sur quatre "a annulé ou ajourné son projet immobilier, dans un contexte d'inflation et d'accès au crédit plus que difficile", précise mardi sur France Inter, Yann Jéhanno.
Article rédigé par franceinfo
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Yann Jéhanno, président du réseau d'agences immobilières Laforêt, invité de France Inter le 2 janvier 2024. (RADIOFRANCE)

"Il n'a jamais été aussi difficile de devenir propriétaire pour la première fois", c'est-à-dire primo-accédant ou "locataire", affirme mardi 2 janvier sur France Inter Yann Jéhanno, président du réseau d'agences immobilières Laforêt. Yann Jéhanno constate que le marché locatif "est totalement figé" en France. Preuve en est, le réseau Laforêt a relevé en 2023 une hausse de 26% du nombre de candidats à la location et une baisse de 28% de biens à la location sur le marché. "C'est dire l'extrême tension sur le parc locatif", déplore le président du réseau d'agences immobilières.

Yann Jéhanno note que le parc locatif ne parvient pas à se développer, que "l'offre locative n'existe pas" et que "les locataires en place restent dans leur logement parce qu'ils se rendent compte qu'ils ne peuvent pas acheter". Cela entraîne une augmentation de "la durée d'occupation de cinq à six mois uniquement sur l'année 2023", selon le président de Laforêt. Face à la "pénurie d'offres locatives", "il y a une tentation d'orienter les prix à la hausse dans les secteurs libres", regrette-t-il.

Le président du réseau Laforêt explique aussi les difficultés qui touchent le marché de la vente immobilière, avec notamment l'allongement des délais de vente. "On est à 90 jours en moyenne nationale, c'est plus neuf jours en un an", affirme Yann Jéhanno. Il note également un "recul des acquéreurs". Selon le réseau Laforêt, l'an passé, "près d'un Français sur quatre a annulé ou ajourné son projet immobilier, dans un contexte d'inflation et d'accès au crédit plus que difficile".

À cela s'ajoute la hausse inexorable des taux d'intérêt qui sont aujourd'hui "autour de 4,25%" alors qu'il y a deux ans "on empruntait à 1%". Yann Jéhanno rappelle la rapidité avec laquelle le pouvoir d'achat immobilier des ménages a reculé en France. "On a déjà vu par le passé des taux d'intérêt à 4%, mais c'est la brutalité de la hausse qui a gelé les transactions immobilières", témoigne-t-il. Le président du réseau Laforêt juge "peu probable" que ces taux "baissent de manière significative en 2024".

Pour tenter de faire repartir le marché, le ministère de l'Économie et la Banque de France ont annoncé début décembre ajuster à la marge les règles encadrant le crédit immobilier. Il a notamment été décidé d'autoriser les établissements de crédit à exclure la charge d'intérêt associée aux prêts relais dans le calcul du taux d'effort. Yann Jéhanno qualifie ces mesures de "plutôt cosmétiques". Il rappelle que "la production de crédits immobiliers a chuté de plus de 40% en 2023".

Le président du réseau Laforêt pointe justement du doigt "les critères du Haut Conseil de stabilité financière (HCSF) devenus contraignants depuis deux ans, et ce, de manière contre-cyclique". Ces critères "empêchent notamment l'accès au crédit" et contribuent à "la frilosité de certaines banques". Yann Jéhanno remarque notamment que "beaucoup de profils qui étaient financés il y a deux ans se voient aujourd'hui opposer un refus de financement". "Les banques accordent difficilement des prêts : les primo-accédants sont écartés, les ménages modestes qui ne peuvent pas se constituer un apport pour garantir une bonne gestion sont également mis de côté", précise-t-il.

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