Liste noire des paradis fiscaux de l'UE : l’Oxfam dénonce "une carte blanche à l’évasion fiscale"
Moins de deux mois après leur arrivée sur la liste noire des paradis fiscaux de l’Union européenne, huit pays viennent d’être retirés. Sur cette blacklist restante, il y a la Namibie, mais plus la Suisse, Jersey ou les Îles Caïmans.
"L’évasion fiscale, c’est une attaque contre la démocratie, contre le consentement à l’impôt et elle est inacceptable." C’est ainsi que réagissait le ministre des Finances, Bruno Le Maire, le 6 novembre 2017 suite au scandale des "Paradise Papers". Celui-ci révélait que de multiples gouvernements, entreprises, mais aussi des personnalités politiques ou du monde artistique ont recours à des procédés d’optimisation fiscale. Un mois après ces révélations, l’Union européenne décidait de publier pour la première fois une liste noire de dix-sept paradis fiscaux.
Mais le 23 janvier dernier, l’Union européenne a retiré huit pays et les a placés sur une "liste grise" : Bahreïn, Guam, les Îles Marshall, la Namibie, les Palaos, Samoa, les Samoa américaines, Sainte Lucie ainsi que Trinidad et Tobago. Ce retrait est très critiqué dans les rangs des écologistes et des ONG anticorruption. Parmi ceux qui s’indignent, l’association Oxfam.
"Aucune information n’a été donnée sur les engagements pris par ces États pour être sortis de la liste noire."
Manon Aubry en est la porte-parole. Ce qu’elle dénonce, c’est que "malheureusement, aucune information n’a été donnée sur les engagements pris par ces États pour être sortis de la liste noire." En outre, "parmi les pays qui restent sur cette liste, on compte notamment la Namibie, qui joue un rôle absolument mineur dans les schémas d’évasion fiscale au niveau international. Et on ne trouve plus aucun grand paradis fiscal, comme la Suisse, les Iles Caïmans, Jersey, les Bahamas." déplore-t-elle. Par conséquent, elle estime que "cette liste noire de paradis fiscaux, on a le sentiment que c’est une carte blanche à l’évasion fiscale."
Oxfam est une association de développement qui lutte contre la pauvreté et les injustices. Alors pour cette ONG, il est essentiel de lutter contre les paradis fiscaux car "c’est lutter contre un des premiers facteurs de l’accroissement des inégalités." Dans son dernier rapport-choc, Oxfam a constaté que les inégalités se sont accrues en 2017 avec 82% des richesses produites aux mains des 1% les plus riches. "Quand on sait cela, indique Manon Aubry, lutter contre l’évasion fiscale, c’est important pour récupérer de l’argent dans les caisses de l’État, et donc pour lutter contre les inégalités." En effet, elle rappelle que l’évasion fiscale "coûte en France à peu près 60 à 80 milliards d’euros chaque année. C’est à peu près le budget de l’Éducation nationale qui est perdu à cause des pratiques d’évasions fiscales."
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.