: Vidéo "DSK, enquête sur un homme d’influence" > Le débrief du magazine "Cash Investigation"
L'équipe de "Cash Investigation" répond à une partie des questions qui ont été posées via le site de Franceinfo et sur les réseaux sociaux en utilisant le hashtag #CashInvestigation… Extrait de "DSK, enquête sur un homme d’influence", une enquête de Linda Bendali diffusée jeudi 7 octobre 2021 à 21 heures sur France 2.
Pour ce débrief du numéro de Cash Investigation "DSK, enquête sur un homme d’influence" (replay), Elise Lucet est entourée de Linda Bendali, qui a réalisé l’enquête, Sophie Le Gall et Emmanuel Gagnier, les rédacteurs en chef de l'émission, ainsi que Pierre Romera, du Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ).
Gina > Quelle a été la réaction de Dominique Strauss-Kahn après votre enquête ?
Elise Lucet > Il y a trois jours, Dominique Strauss-Kahn a réagi avant même d’avoir vu notre enquête par ce tweet : "Quand la méchanceté devient mensonge. Vos équipes de professionnels auraient pu vérifier que je suis résident fiscal marocain depuis 2013 et que j’y paie mes impôts à hauteur de 23,8% de mes bénéfices, soit 812 000 euros pour les années 2018, 2019 et 2020."
Alors, Dominique Strauss-Kahn, nous sommes juste factuels ! En mai 2013, lorsque DSK crée sa société au Maroc, il est bien domicilié en France, boulevard Raspail, à Paris. Dans notre enquête, nous ne parlons pas de la même période que DSK. Nous, nous avons eu accès aux comptes de sa société de 2013 à 2017. Ils montrent qu’il n’a payé aucun impôt sur les bénéfices au Maroc. Enfin, quand Dominique Strauss-Kahn affirme qu’il paie 23,8% d’impôt sur les bénéfices, étonnamment, il additionne deux impôts différents : l’impôt sur les sociétés, qui est à 8,75% à la Casa Finance City au bout de cinq ans, et l’impôt sur les dividendes qui est de 15% au Maroc.
> L’équipe de "Cash Investigation" l’a-t-elle contacté pendant l’enquête ?
Emmanuel Gagnier > Bien sûr, nous avons contacté à plusieurs reprises Dominique Strauss-Kahn pour notre enquête. Notre première demande d’interview date du mois d’août 2021. DSK ne nous a pas répondu directement, mais son avocat et son agente nous ont informés qu’il refusait toute interview.
> Et c’est tout ? Fin de l’histoire ?
Emmanuel Gagnier > Non, il y a quatre jours, un proche de Dominique Strauss-Kahn nous a contactés. Il a joué les messagers, et voici sa réponse sur l’installation de DSK dans les Emirats arabes unis : "S’agissant de la société au RAK, il l’a fait à la demande d’un client qui réside aux Emirats et voulait qu’il crée une société là-bas, pour y développer un business. Ce ne sont pas des motivations fiscales."
Pascal (Yonne) > DSK est-il dans l’illégalité ou dans une sorte d’optimisation fiscale ? Problème judiciaire ou éthique ?
Linda Bendali > Dominique Strauss-Kahn n’est pas dans l’illégalité. Son activité économique ne se fait pas en France. Le fisc français n’a donc pas son mot à dire. C’est plutôt une question d’éthique. Vous avez un ancien ministre des Finances et ancien directeur général du FMI qui utilise le réseau qu’il s’est constitué lorsqu’il était un responsable public de premier plan pour développer un business très lucratif. Et pour ce business, il semble bien connaître le monde de l’offshore. Il a installé ses deux sociétés dans des lieux où il paie le moins d'impôt possible. C’est ce qui a motivé notre enquête.
@gabnorev > Six cents Français et vous ne retenez que DSK ?
Sophie Le Gall > Il y a effectivement 600 Français qui ont été identifiés dans les "Pandora Papers", mais Dominique Strauss-Kahn est le seul ancien responsable politique français de premier plan dans ces documents.
> Et y a-y-il d’autres responsables politiques ?
Sophie Le Gall > Oui, il y a le député de La République en marche Sylvain Maillard, l’ancien député européen d’extrême droite Aymeric Chauprade et l’ancien député-maire centriste de Blois Nicolas Perruchot. Mais la majorité des Français que nous avons repérés dans les "Pandoras Papers" sont des anonymes. La plupart d’entre eux sont des médecins, des cadres sup' ou des petits entrepreneurs.
Sonia > C’est bien de balancer, mais après, que se passe-t-il ?
Sophie Le Gall > On ne balance pas ! On fait juste notre boulot de journaliste. Eh oui, ça a un impact réel.
Pierre Romera > Prenons l’exemple des "Panama Papers" sur lequel l’ICIJ et ses partenaires, comme "Cash Investigation", avaient enquêté en 2016. Près de 80 pays ont ouvert des enquêtes judiciaires. Cinq ans plus tard, l’ICIJ a fait les comptes : au moins 1,15 milliard d'euros d’impôts et de pénalités ont été recouvrés dans le monde, sachant que certains pays comme les Etats-Unis n’ont jamais communiqué leurs chiffres. Rien qu’en France, le fisc a récupéré 372 millions d’euros, depuis 2013, grâce à toutes les enquêtes coordonnées par l’ICIJ. Et cette somme va augmenter. Certaines enquêtes sont toujours en cours.
> L’équipe de "Cash Investigation" a-t-elle contacté tous ceux cités dans l’enquête ? Qu’ont-ils répondu ?
Elise Lucet > Nous avons bien sûr sollicité tous ceux qui sont cités dans l’enquête. Et malheureusement, on n’a pas eu beaucoup de succès. Nous n’avons eu aucune réponse du président du Congo, Denis Sassou-Nguesso, ni de la société de trading pétrolier Orion, ni du FMI. Quant au groupe russe Rosneft, il nie toute relation contractuelle avec DSK. Enfin, l’entreprise suisse Sicpa invoque le secret des affaires, tout comme SFM, le cabinet qui a immatriculé la société de DSK aux Emirats arabes unis.
Un extrait de "DSK, enquête sur un homme d’influence", une enquête de Linda Bendali diffusée jeudi 7 octobre 2021 à 21 heures sur France 2.
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