Cet article date de plus de cinq ans.

Prélèvement de l'impôt à la source : le coût pour les petites entreprises est "estimé à 120 euros par an et par salarié"

Laurent Munero, membre du conseil national de l'Union des entreprises de proximité aimerait que le ministère de l'Economie et des Finances indemnise les sociétés qui auraient à payer cette somme.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Un formulaire d'impôt sur le revenu et de prélèvement à la source, le 13 septembre 2018, en Alsace. (Photo d'illustration)
 (MAXPPP)

Le prix du prélèvement de l'impôt à la source par les petites entreprises, qui entre en vigueur le 1er janvier, est "estimé à 120 euros par an et par salarié", a affirmé Laurent Munero, membre du conseil national de l'Union des entreprises de proximité (U2P). Invité de franceinfo vendredi 28 décembre, Laurent Munero a souhaité que Bercy indemnise les sociétés qui auraient à payer cette somme. Il s'inquiète également de l'"aspect psychologique" du prélèvement à la source chez les salariés. "Car c'est le net à payer qui va prendre. Or, ce n'est pas le chef d'entreprise qui a pris de l'argent", a-t-il rappelé.

franceinfo : Tout est en place pour le prélèvement à la source ?

Laurent Munero : Oui, ça fait quelques mois que sur les feuilles de paie, on a mis déjà ce que devait être le prélèvement, depuis le mois d'octobre pour certaines entreprises. Pour les petites entreprises, c'est une problématique que nous avons dénoncée à l'U2P depuis le départ, parce qu'on confiait aux entreprises le prélèvement de l'impôt. Nous trouvions qu'il y avait peut-être d'autres moyens de faire, notamment grâce à l'Ursaf, comme prélever l'impôt directement sur le compte bancaire des salariés. Forcément, on le voit, il y a un aspect psychologique car c'est le net à payer qui va prendre, les salariés voient moins à la fin dans le virement fait par leur chef d'entreprise. Or, ce n'est pas le chef d'entreprise qui a pris de l'argent. Peut-être que les entreprises qui font elles-mêmes leurs paies, qui n'utilisent pas de logiciel informatique, qui ne font pas appel à des cabinets comptables ne sont pas tout à fait prêtes aujourd'hui. Peut-être qu'il y a quelques entreprises qui passeront dans le trou de la raquette, mais ça reste marginal par rapport à l'ensemble des entreprises.

Les chefs d'entreprise craignent-ils de devoir assumer la baisse directe de revenus ?

Oui, notamment dans les petites entreprises. Dans une petite entreprise, il est rare d'avoir un DRH, un service comptabilité... Généralement, les paies sont externalisées vers des cabinets comptables, donc c'est le chef d'entreprise lui-même qui, pour ses quelques salariés, va devoir répondre aux questions, argumenter, alors qu'il n'est pas à l'origine de cette ponction. Généralement, dans les petites entreprises, on travaille aux côtés de ses salariés au quotidien. C'est facile d'en parler, mais c'est pas pour ça que ça arrange la personne qui va perdre 80 ou 50 euros sur son salaire, pour elle, c'est du net en moins. C'est l'entreprise qui l'a pris au départ, même si elle va le reverser aux impôts. Mais c'est quand même de l'argent en moins à la fin du mois.

Est-ce que le prélèvement de l'impôt à la source coûtera de l'argent aux petites entreprises ?

On nous a dit que ça ne coûterait pas d'argent parce que les cabinets comptables n'avaient pas de travail supplémentaire. Or, il faut adapter le logiciel, faire un travail supplémentaire de la part de la comptabilité pour calculer ce qu'on doit reverser. Forcément, ça aura un coût qui sera reporté sur l'entreprise. Nous, on l'a estimé à 120 euros par an et par salarié. C'est globalement ce qu'il y aura à payer entre la refonte des logiciels, et ce que les cabinets comptables vont reporter après sur l'entreprise dans sa facture. On a déjà discuté de cela avec les différents interlocuteurs de Bercy et on n'est pas trop entendus là-dessus, mais nous, nous estimons que puisque l'on confie aux entreprises l'impôt, et bien c'est à Bercy d'indemniser les entreprises.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.