Aubaine économique ou catastrophe écologique ? En Guyane, partisans et opposants au projet de mine d'or se réunissent une dernière fois
Une dernière réunion publique est prévue lundi autour d'un projet de mine d'or qui pourrait voir le jour en 2022 en Guyane. Ses opposants dénoncent un risque pour l'environnement et pour l'attractivité touristique.
Ce sont 85 tonnes d'or à extraire dans une fosse grande comme 32 fois la taille du Stade de France : le gigantisme du projet de mine d'or à Saint-Laurent-du-Maroni en Guyane fait tourner toutes les têtes. Une dernière réunion publique est organisée lundi 18 juin. Cela ressemble à une discussion de la dernière chance, avant le choix du gouvernement.
Le projet pourrait voir le jour en 2022. Ses promoteurs y voient une source de richesse et promettent 750 créations d'emploi. Les opposants redoutent un risque pour l'environnement, en plein milieu de la forêt amazonienne. L'extraction de l'or se fait à l'aide du cyanure, un produit extrêmement toxique et dangereux. "Tous les projets touristiques pourraient être anéantis par la création de cette mine. C'est une bombe chimique", s'alarme Thomas Saunier, de l'association des Guides de Guyane. "Tant qu'elle est maîtrisée, ça va. Mais une fois que ça pète, on fait comment ? On nous paye des amendes mais on répare comment ?", interroge-t-il.
Des promesses d'emplois ?
Le chemin qui mène à la future mine s'enfonce dans une forêt dense, bordée de criques et de lieux de balades. Pierre Paris, le patron de la compagnie minière, ne partage pas l'inquiétude des habitants. Lui est convaincu que cela peut cohabiter avec l'activité touristique et ne pas avoir d'impact sur l'environnement. "On parle de 800 hectares d'emprise pour notre projet. C'est 1/10000e de la surface boisée du territoire donc ça laisse quand même beaucoup de place pour les activités touristiques", explique-t-il.
Pierre Paris promet également la création de 750 emplois. Mais beaucoup redoutent que les Guyanais n'en bénéficient pas. Depuis un an, les étudiants qui le souhaitent peuvent donc être formés aux métiers de la mine. À l'université de Guyane, sept jeunes profitent de ces cours de prospection, de mise en exploitation et de réhabilitation des sites miniers exploités.
Les opérateurs miniers déjà sur place voient d'un bon œil l'arrivée potentielle de cette nouvelle exploitation. Le gouvernement doit également donner son feu vert à l'ouverture de 17 nouveaux sites miniers. Ils ne redoutent donc pas la concurrence. "Les industriels exploitent les gisements primaires, profondément enracinés dans le sol, alors que nous exploitons les sédiments en surface", précise Gauthier Horth, opérateur artisanal en Guyane. "La dernière fois qu'un projet industriel a été refusé ici, tous les opérateurs miniers ont dû s'exiler parce que l'administration a interprété ce refus comme un refus à l'ensemble de la mine", rappelle-t-il, en espérant que la situation ne se répète pas.
Les opposants au projet peuvent compter sur un soutien de poids au gouvernement. Le ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot n'est pas favorable à cette nouvelle mine. Problème : Emmanuel Macron, lui, est plus du côté des soutiens au projet.
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