Le savon de Marseille, un produit souvent mal copié que les professionnels souhaiteraient labelliser
Les couteaux de Laguiole, la porcelaine de Limoges ou encore le savon de Marseille ont demandé le label IGP (Indication géographique protégée). Mais les dossiers sont toujours en instance, au grand dam des fabricants qui dénoncent une tromperie du consommateur.
Les touristes raffolent des produits du terroir. Le fromage, le vin, l’huile d’olive sont facilement identifiables grâce aux AOC et aux AOP. La loi Hamon de 2014 a étendu cette protection du patrimoine aux produits manufacturés via l’IGP, l’indication géographique protégée. Les couteaux de Laguiole, la porcelaine de Limoges ou encore le savon de Marseille ont demandé ce label. Mais les dossiers sont toujours en instance, au grand dam des fabricants phocéens qui dénoncent une tromperie du consommateur.
"Comme il fait chaud et que les gens se lavent beaucoup, j’en sors à peu près 15 tonnes", se réjouit Michel Bianconi. Maître-savonnier depuis 35 ans, il produit en ce moment 100 000 cubes de savons, de 100 à 600 grammes, chaque mois. Mais il n’est pas le seul. Les multinationales en fabriquent partout dans le monde sous cette appellation.
De mauvaises copies
Il y a deux ans, Raphaël Seghin a sauvé de la faillite la savonnerie Fer à Cheval, fondée en 1856. Il ne comprend pas pourquoi la loi Hamon n’est pas appliquée sur ce produit. "C’est un produit tellement vieux qu’il est tombé dans le domaine public", explique-t-il. Mais, aujourd'hui, la plupart de ces savons n'ont plus grand chose de Marseille, déplore Raphaël Seghin.
Malheureusement, la grande majorité des produits sous l’appellation savon de Marseille n’ont plus grand attachement à la ville de Marseille, ni par la production, ni par les ingrédients.
Raphaël Seghin, président de la savonnerie Fer à Chevalà franceinfo
Un dossier IGP, indication géographique protégée, a été déposé auprès de l’INPI (Institut national de la propriété industrielle) il y a déjà un an. "Ils sont en retard", peste Raphaël Seghin. "C’est un produit tellement emblématique français, qu’on se demande pourquoi il n’y a pas plus de pression pour qu’on obtienne une sorte de protection du produit", poursuit-il.
En attendant le fameux label, le maître-savonnier Michel Bianconi rappelle la composition du vrai savon de Marseille : "De l’eau salée, la soude caustique qu’à la fin il n’y en a plus, et l’huile végétale." Pas d’additif chimique donc, ni de parfum. Le savon de Marseille authentique est vert ou blanc.
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