"Il faut que le président sortant fasse quelque chose pour nous" : l'appel des salariés de Scopelec menacés de licenciement
Après avoir perdu un contrat avec Orange et 40% de son chiffre d'affaires, la coopérative sous-traitante prévoit de licencier 800 personnes. Les salariés ont écrit une lettre ouverte à Emmanuel Macron.
Pour Oumar Kaba, le compte à rebours s'est enclenché en novembre dernier quand son employeur, la société coopérative Scopelec, a perdu un gigantesque contrat avec Orange. Lui qui déploie et répare les réseaux de fibre optique en Charente voit l'échéance s'approcher, celle de son licenciement. Sa femme et sa fille devaient bientôt le rejoindre en France, grâce au regroupement familial : "Je me demande comment je fais en ce moment pour partir travailler. Personne n'est tranquille."
"Nous, on n'a pas envie de partir du jour au lendemain de notre boîte où on a des affinités, où on se sent bien pour aller se retrouver dans des postures de nouveaux venus. Aller dans d'autres entreprises sans savoir comment humainement ça va se passer."
Oumar Kaba, salarié-associé chez Scopelecà franceinfo
Oumar fait partie de la cinquantaine de salariés-associés rassemblés jeudi 21 avril place de la Bastille à Paris pour dénoncer le plan de sauvegarde de l'emploi que prépare la direction de Scopelec. Ce PSE prévoit le licenciement économique de 800 personnes, soit près d'un quart des effectifs. "C'est un des plus lourds plans sociaux qu'ait connu la France depuis des mois", ont écrit les Scopelec dans une lettre ouverte adressée aux deux candidats à la présidentielle, Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
"On attend forcément quelque chose, c'est sûr, au point où on est rendu, confie Martin, salarié de Scopelec en Vendée. C'est la troisième fois qu'on vient à Paris manifester et concrètement tout ce qu'on a eu c'est rien du tout. Pour être poli : on est dans la merde. Il faut que le président sortant fasse quelque chose pour nous soutenir un minimum."
"On a des femmes, des enfants, des crédits"
Selon le ministère de l'Économie, 500 salariés ont déjà accepté d'être reclassés chez un concurrent, un autre sous-traitant d'Orange. Après sept ans passés dans l'entreprise, Benoît Lesueur, lui, a décidé de changer de secteur : "Personnellement, ce serait plutôt un accompagnement à la formation. Ce serait plutôt de prolonger dans un autre secteur d'activité, un accompagnement à la reconversion avec si possible, un salaire maintenu. Parce que malgré tout, on a des femmes, des enfants, des crédits."
Publication des salariés associés pic.twitter.com/1nxJJC7AcU
— Groupe SCOPELEC (@GroupeScopelec) January 21, 2022
En perdant son contrat avec Orange, Scopelec doit renoncer à 150 millions d'euros par an, ce qui représente 40% de son chiffre d'affaires. Pour la direction et les salariés, c'est donc à l'opérateur de financer, au moins en partie, la formation du personnel licencié. Ralph Blindauer, l'avocat du comité d'entreprise de la coopérative, estime qu'Orange est responsable des 800 postes supprimés : "On est dans une situation dans laquelle on se donne finalement un droit de vie et de mort sur le sous-traitant."
"Orange a des responsabilités citoyennes, elle doit les assumer. Et donc, il faut qu'Orange nous donne de quoi payer un plan social de qualité pour ces salariés-là. "
Ralph Blindauer, avocat du comité d'entrepriseà franceinfo
Mais c'est un refus net pour l'instant du côté de l'opérateur, nous annonce Marc Blanchet, directeur technique et systèmes d'information d'Orange France : "Pour nous, c'est une demande qui est complètement déplacée, qui ne relève pas de la relation contractuelle que nous pouvons avoir avec notre partenaire. Nous, on a joué un rôle pour faciliter le reclassement des salariés et fournir suffisamment d'activité pour permettre à Scopelec de gérer une phase de transition, qui n'est évidemment, pas facile. Des volumes d'activité, au moins de manière transitoire pour les mois, pour les trimestres qui viennent."
Orange a proposé 43 millions d'euros d'activité à Scopelec d'ici la fin d'année prochaine. Il en faudrait plus de deux fois plus à l'entreprise, dit-elle, pour financer le plan social.
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