: Vidéo A Lacq, les rejets toxiques de Sanofi dépassaient de 190 000 fois le seuil autorisé
Sur le site de Lacq, une usine du laboratoire Sanofi émettait jusqu’à 190 000 fois plus que le maximum autorisé de bromopropane, une substance potentiellement cancérogène et susceptible d’altérer la fécondité. Extrait de "Pièces à conviction" à voir le 3 octobre 2018.
Dans le bassin industriel de Lacq (Pyrénées-Atlantiques), l’usine Sanofi de Mourenx a envoyé dans l’air des rejets toxiques en quantité astronomique : en octobre 2017, le taux de bromopropane, une substance potentiellement cancérogène, a dépassé de 190 000 fois le seuil autorisé. Ce chiffre provient du laboratoire pharmaceutique lui-même : des inspecteurs de la préfecture avaient sommé Sanofi de contrôler certains équipements.
Quand les mesures ont été révélées, Cathy Soublès, vice-présidente de Sepanso 64 (Société pour l’étude, la protection et l’aménagement de la nature dans le Sud-Ouest), une association de défense de l’environnement, y croyait à peine : "Les chiffres étaient tellement énormes, on n’en croyait pas nos yeux !" Le cauchemar était pourtant réel... Ce qui inquiète particulièrement Cathy Soublès, ce sont les effets potentiellement toxiques du bromopropane : "C’est un produit qui peut atteindre le fœtus, qui peut provoquer un cancer ou engendrer des problèmes d’infertilité."
Un laboratoire peu pressé de révéler les résultats des mesures...
Les militants de Sepanso 64 sont en colère car Sanofi a mis cinq mois pour communiquer ces informations. Cinq mois entre le moment où le laboratoire pharmaceutique a su qu’il dépassait de 190 000 fois les normes de rejet et le moment où il a transmis ces chiffres à la préfecture, en mars 2018. Cinq mois qui ont permis à l’industriel de présenter, en même temps que ces chiffres, une étude expliquant que ces rejets ne sont pas dangereux pour la population…
Le 9 juillet 2018, Sanofi décidait d’arrêter la production de l’usine de Mourenx, mais dans le bassin de Lacq, l’inquiétude restait vive. Le 11 juillet, les riverains du site venaient demander des comptes à l’industriel, mais aussi à l’Etat : ils manifestaient devant le complexe pour dénoncer les rejets chimiques pouvant menacer leur santé et celle de leurs enfants… "On a lu qu'il pouvait y avoir des atteintes sur la santé des enfants... On a été enceintes sur ce territoire…" s'alarmait une riveraine.
Le 31 août dernier, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques a autorisé Sanofi à reprendre la production sur son site de Mourenx, assurant que l’usine respectait désormais les normes. Les associations et les riverains s’interrogent…
Extrait de "Pollution industrielle : l’enfumage continue", une enquête diffusée dans "Pièces à conviction" le 3 octobre 2018.
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