Frais bancaires limités en 2023 : "On voit bien que les clients les plus fragiles sont encore plus fragiles", constate le directeur général du Crédit Mutuel et du CIC
"On voit bien que les clients les plus fragiles sont encore plus fragiles", a indiqué, mercredi 4 janvier sur franceinfo, Daniel Baal, directeur général du Crédit Mutuel et du CIC. Dans une période d 'inflation où la hausse des prix de l'énergie fragilise les foyers les plus modestes, les établissements bancaires contiennent la hausse des frais bancaires sous le seuil des 2% en 2023, conformément aux engagements pris en septembre, selon l'enquête annuelle de l'association Consommation logement cadre de vie (CLCV) publiée mardi.
franceinfo : En période d'inflation, vous avez pu tenir vos engagements ?
Daniel Baal : Nous avions décidé, dès le mois de juillet au Crédit Mutuel et au CIC, de limiter au maximum à 2 % [la hausse des frais bancaires] lorsqu'il a fallu prendre des engagements de l'ensemble de la profession au mois de septembre. Nous les avons confirmés. Nous avons même finalement encore réduit l'augmentation qui était prévue puisqu'on sera en moyenne a à un peu moins de 1%, avec aucun tarif qui n'augmentera de plus de 2 %. Cela nous semblait assez naturel dans le contexte actuel d'accompagner nos clients, de limiter les augmentations de tarifs. Nous avions déjà fait cela en 2021 puisque pendant la crise du Covid nous avions également pris cet engagement de forte modération. Nous devons cependant tenir compte également des charges que nous avons. Certains nous disent qu'il aurait fallu rester à zéro, mais les charges augmentent et notamment les charges salariales.
Avez-vous une attention particulière pour vos clients les plus modestes ?
Oui, absolument. Cela a été pour nous une très grande priorité et notamment pour la clientèle fragile. Nous avons veillé à ce que le compte spécifiquement dédié aux clients fragiles soit à 1 euros par mois et sans aucun frais d'incident. Un client dans cette situation-là ne paiera que 12 euros par an pour avoir son compte bancaire avec sa carte. Accompagner les clients les plus fragiles nous semble encore le plus important. On voit bien que les clients les plus fragiles sont encore plus fragiles dans cette période parce qu'un certain nombre de dépenses contraintes, et notamment les dépenses d'énergie, pèsent beaucoup plus lourdement que pour un ménage moyen.
Les plus précaires, effectivement, voient leurs dépenses énergétiques augmenter de plus 13 % en moyenne. Vous le constatez ?
On voit surtout que la capacité d'épargne de certains de nos clients, qui était déjà faible, entre 50 et 100 euros, devient quasiment zéro. Il n'y a quasiment plus de capacité d'absorption de nouvelles charges contraintes. Nous avons proposé à la fin de l'été et à l'automne à 100 000 de nos clients que nous avions ciblés comme étant particulièrement sensibles, des rendez-vous spécialement dédiés qu'on avait appelés les "rendez-vous inflation". On a fait un point budget avec eux de telle sorte à les accompagner, à leur apporter un certain nombre de conseils, à peut-être restructurer un certain nombre de leurs crédits de telle sorte qu'ils puissent passer dans les meilleures conditions de cette période.
Vous lancez aussi une alerte sur la situation de certains artisans. Vous constatez des difficultés ?
Oui ! Pourtant, ces coûts de l'énergie ne sont pas encore complètement pris en compte partout, puisque certains avaient des tarifs qui restaient encore en ligne. Mais effectivement, sur certaines entreprises, sur certains artisans, sur les boulangers, on commence à avoir quelques petites tensions. On est très vigilant avec toujours le même conseil que nous donnons à nos clients. Si vous avez des difficultés, parlons-en pour regarder quelles sont les solutions qu'on peut mettre en avant pour que vous passiez bien cette période.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.