Les plus riches ont beaucoup mieux résisté à l'inflation que les plus modestes en 2023, en partie grâce à la politique du gouvernement

Rapportée au niveau de vie, l'ampleur du choc inflationniste a été "deux fois plus grande pour les 20% les plus modestes que pour les 20% les plus aisés", dévoile l'Insee dans une étude publiée jeudi.
Article rédigé par Mathilde Goupil
France Télévisions
Publié
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Pour les 10% des plus pauvres, les pertes ont en effet représenté 7,1% de leurs revenus, contre 3,1% de ceux des 10% des plus riches, selon l'Insee (photo d'illustration). (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS / AFP)

C'est désormais confirmé. Entre 2022 et 2023, les plus riches ont beaucoup mieux résisté face à l'inflation, révèle une étude de l'Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) publiée jeudi 21 novembre. L'an passé, les prix ont augmenté de 4,9% en moyenne, la hausse étant la plus marquée dans l'alimentation, le logement et le transport. Le coût supplémentaire lié à l'inflation a représenté en moyenne 1 230 euros annuels par personne, révèle l'Insee dans ce "portrait social" de la France. Cette somme est plus importante pour les 10% de Français les plus aisés (2 170 euros) que pour les 10% les plus pauvres (730 euros).

Toutefois, rapportée au niveau de vie, l'ampleur du choc a été "deux fois plus grande pour les 20% les plus modestes que pour les 20% les plus aisés", selon l'Insee. Pour les 10% des plus pauvres, les pertes ont en effet représenté 7,1% de leurs revenus, contre 3,1% de ceux des 10% des plus riches. L'Insee note également que les familles monoparentales et les personnes seules ont été plus touchées que les autres ménages par le poids supplémentaire de ces dépenses sur le niveau de vie.

Une politique fiscale plus favorable aux plus aisés

Par ailleurs, la politique fiscale et sociale du gouvernement d'Elisabeth Borne n'a "amorti que très faiblement le surcoût des dépenses lié à l'inflation", écrit l'Insee. A l'heure de la fin du "quoi qu'il en coûte", plusieurs aides ponctuelles mises en place durant la crise énergétique n'ont en effet pas été reconduites en 2023. L'Insee cite la prime exceptionnelle de rentrée, l'indemnité inflation ou le versement exceptionnel de 100 euros associés au chèque énergie. Ces décisions ont principalement affecté les 40% des plus modestes, qui ont vu leur niveau de vie reculer de 160 euros par rapport à l'année précédente.

A l'inverse, de nouvelles aides ont vu le jour en 2023, comme la déconjugalisation de l'allocation aux adultes handicapés (AAH), la dernière étape de l'exonération de la taxe d'habitation sur les résidences principales ou la majoration de la prime de Noël pour les familles monoparentales. Au total, ces transferts supplémentaires ont surtout bénéficié aux plus aisés, en raison de la fin de la taxe d'habitation. Les 10% des plus riches ont ainsi vu leur niveau de vie s'accroître de 310 euros annuels supplémentaires (0,4% de leur niveau de vie), tandis que les 10% des plus modestes n'ont reçu "que" 170 euros de plus (1,7%), grâce avant tout "aux revalorisations des prestations".

Au total, 5% des dépenses supplémentaires liées à l'inflation ont été couvertes, en moyenne, par la politique du gouvernement. Mais, pour les 20% des plus aisés, les évolutions de cette politique ont permis de couvrir "près de 15% des dépenses additionnelles", là encore "principalement en raison
de la dernière étape d'exonération de la taxe d'habitation", note l'Insee. A l'inverse, les 20% des plus modestes ont connu "une perte de niveau de vie de 30 euros, qui vient s'ajouter au poids déjà élevé des dépenses additionnelles de consommation".

L'inflation compensée pour près d'un Français sur deux

Plus globalement, les Français ont touché en moyenne 580 euros supplémentaires en 2023 (2,1% de leur niveau de vie) en raison de la hausse des salaires (180 euros pour les 20% les plus modestes et 1 170 euros pour les 10% des plus riches). L'évolution des revenus du patrimoine a, elle, représenté, en moyenne, un gain de 350 euros par personne – montant qui diffère là aussi en fonction du niveau de vie.

En clair, les revenus des plus aisés ont augmenté plus rapidement que ceux des plus modestes, leur permettant davantage de maintenir, voire d'améliorer, leur niveau de vie en contexte inflationniste. Ainsi, l'amélioration des salaires et des revenus du patrimoine a permis de compenser 120% des dépenses supplémentaires liées à l'inflation des 20% les plus aisés, contre seulement la moitié pour les 20% les plus modestes.

Au total, en prenant en compte l'évolution des revenus et la politique du gouvernement, pour 60% des Français, la hausse du niveau de vie a permis de compenser à au moins 90% les dépenses liées à l'inflation, contre uniquement 30% pour les 10% les plus modestes, et entre 60% et 85% pour les autres. Ce constat reste vrai même en intégrant la hausse de la taxe foncière, en partie décidée par les collectivités locales, et qui a surtout pesé sur les plus aisés.

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