Trimestre anti-inflation dans les grandes enseignes : "ça pourrait être une annonce mensongère", estime Olivier Andrault, de l'UFC Que Choisir.
Le trimestre anti-inflation dans les grandes enseignes jusqu'en juin "pourrait être une annonce mensongère pour les consommateurs", estime Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l'UFC Que Choisir, invité de l'émission Ma France sur France Bleu ce lundi.
Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a annoncé ce lundi en conférence de presse qu'un accord avec la grande distribution avait été trouvé pour mettre en place un "trimestre anti-inflation" dans les supermarchés jusqu'en juin. "Malheureusement, la recette qui nous est proposée est encore plus mauvaise [que le panier anti-inflation finalement abandonné par le gouvernement, ndlr] puisqu'en fait, ce qui a été présenté par Bruno Le Maire ce matin, c'est tout simplement des engagements absolument volontaires, librement consentis par les différentes enseignes de la grande distribution", réagit Olivier Andrault, "finalement, chaque enseigne pourra faire le panier anti-inflation qu'elle voudra".
"Le plus grand scandale étant que ces produits seront labellisés par le gouvernement avec un logo bleu blanc rouge"
Olivier Andrault, chargé de mission alimentation à l'UFC Que Choisirà France Bleu
"On voit qu'il n'y a aucune volonté de la part du gouvernement de mettre des engagements fermes sur la table de la part du distributeur", regrette le chargé de mission, car "il n'y a aucune définition réglementaire de ce qu'est le prix le plus bas possible. Ça peut très bien être finalement un produit monté en épingle qui était déjà vendu à ces conditions tarifaires".
Selon le chargé de mission, "on prive le consommateur de la capacité à comparer ces produits. Ça veut dire que potentiellement ça pourrait être une annonce mensongère pour les consommateurs."
Un chèque pour les plus modestes
Pour financer le trimestre anti-inflation, les grandes enseignes vont devoir rogner sur leurs marges, mais pour Olivier Andrault ce n'est pas suffisant. Il dénonce le fait que "depuis 2019, la grande distribution bénéficie d'une marge minimale garantie de 10 % et notamment sur les produits de premier prix qui impacte le plus les ménages les plus modestes". Il estime que "c'est totalement inadmissible et scandaleux dans cette période d'inflation galopante. Notre demande très claire au gouvernement, c'est de mettre fin à cette marge minimale garantie. Ce serait immédiatement la possibilité de voir les prix et les marges baisser à hauteur de 10 % non pas sur quelques centaines de produits, mais sur des milliers".
Le ministre Bruno Le Maire a annoncé par ailleurs "un chèque alimentaire pour les plus modestes". Ce chèque sera destiné à ceux "qui ont les revenus les plus faibles". "L'expérimentation" se fera "dans les prochains mois" à "l'échelle territoriale", a-t-il indiqué. "C'est évidemment souhaitable", conclut Olivier Andrault, "on sait bien que c'est la frange de la population qui est la plus impactée par ces hausses tarifaires. Maintenant, la question c'est 'qu'est-ce qu'on fait pour le reste des consommateurs ?' Notre proposition, c'est d'arrêter le cadeau à la grande distribution constituant ces marges minimales, garantie de 10 %", réaffirme Olivier Andrault.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.