La France va enquêter sur "les rumeurs infondées" qui ont visé l'Espagne et l'Italie
"Que ce soit des banques françaises, des banques étrangères qui opèrent à Paris, des fonds à Paris, à Berlin, à Londres, peu m'importe. Dès que j'aurai des informations de spéculation, dès que j'aurai des comportements de marchés anormaux, il y aura enquête et sanctions", a affirmé le président de l'Autorité des Marchés financiers (AMF).
Jean-Pierre Jouyet affirmait sur i-TELE que "des mouvements spéculatifs ont été repérés".
"S'il s'agit d'établissements aidés par l'Etat, je ne peux pas l'imaginer. Ce serait un pur scandale", a-t-il ajouté, en faisant référence aux banques qui ont obtenu des prêts de plus de 20 milliards d'euros, au plus fort de la crise financière.
La ministre de l'Economie, Christine Lagarde, avait demandé à M. Jouyet "d'être extrêmement rigoureux sur ces questions-là, et de lancer des enquêtes chaque fois qu'il aura le moindre soupçon d'une rumeur".
Le Premier ministre espagnol, José Luis Zapatero n'est pas le dernier a dénoncer les "rumeurs intolérables" et les spéculations "irresponsables" des marchés. Le président français, Nicolas Sarkozy, refuse de laisser "la spéculation agir à son gré pour déstabiliser tel ou tel pays".
Mme Merkel évoque "un combat des politiques contre les marchés".
Haro sur les hedges funds
Si tous s'accordent à accuser les "spéculateurs financiers internationaux", personne ne sait vraiment qui ils sont. Moraliser le secteur financier et le rendre plus transparent sont les grands axes des actions déjà entreprises par l'UE face à la crise bancaire, puis budgétaire. Le Commissaire européen chargé des services financiers, Michel Barnier, répète son envie de "mettre de la lumière sur des gens qui n'en ont pas l'habitude".
Pourtant retrouver les spéculateurs est une tâche ardue.L'Europe a commencé à s'attaquer aux coupables présumés, les bien nommés fonds spéculatifs (hedge funds).
Une nouvelle législation européenne, toujours en négociation, devrait les obliger à s'enregistrer et à respecter certaines règles de bonne conduite.
Quant aux agences de notation, accusées d'avoir nourri les turbulences en dégradant brutalement leur évaluation de pays comme la Grèce, l'Espagne ou le Portugal, elles devraient elles aussi être soumises à des règles de bonne conduite. L'UE pourrait également créer sa propre agence de notation qui serait abritée par la BCE. Cela afin de faire contrepoids aux sociétés américaines comme Moodys's, Standards and Poor's qui dominent le secteur.
Autres suspects: les banquiers, que beaucoup veulent taxer pour les responsabiliser.
Angela Merkel a dénoncé le "comportement très perfide" des institutions financières, massivement renflouées par les Etats et qui spéculent aujourd'hui sur les dettes publiques qu'elles ont contribué à creuser.
Michel Barnier a, lui déploré, "l'inventivité insensée des banques", qui créent "des produits financiers tellement complexes" qu'elles ne les maîtrisent plus.
Dans le cas présent, l'américaine Goldman Sachs est accusée de montages financiers douteux sur la dette grecque et de fraude dans le cadre de la vente de produits adossés aux "subprime", les crédits immobiliers à risque qui avaient provoqué la crise financière mondiale.
Comme identifier formellement les spéculateurs, est pratiquement impossible, les autorités s'attaquent à leurs instruments de prédilection.
Les Européens comme les Américains préparent ainsi des mesures pour rendre moins opaques et discipliner les échanges, souvent de gré à gré, de produits financiers dérivés, adossés à des matières premières, des prêts immobiliers ou des obligations d'Etat.
Une réunion du comité européen des régulateurs (CESER) devait se tenir à Barcelone vendredi .
Madrid: la lutte contre la spéculation avance
De son côté, la vice-présidente du gouvernement espagnol, Maria Teresa Fernandez de la Vega, a dénoncé vendredi "les attaques spéculatives inacceptables" qui ont fait plonger la Bourse de Madrid cette semaine.
La vice-présidente du gouvernement faisait référence aux rumeurs alarmistes, catégoriquement démenties, qui ont couru sur les marchés mardi faisant plonger la Bourse de Madrid de 5,41%. Elle a brandi comme réponse à ces attaques le code pénal espagnol qui va être bientôt réformé et "sanctionnera la diffusion d'informations ou rumeurs destinées à altérer la cotation" d'une valeur boursière.
Elle a également insisté sur la nécessité de combattre ces pratiques "à l'échelle européenne". Elle a prôné une mise en oeuvre rapide d'un parquet européen prévu par le traité de Lisbonne "dont l'objectif fondamental est la protection des intérêts financiers de la communauté (...) et de l'euro".
"Nous devons établir au niveau européen de meilleurs niveaux de protection et de sécurité pour en finir avec ces pratiques spéculatives", a-t-elle dit.
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