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La Société générale attaquée en justice aux Etats-Unis

Des actionnaires américains de la Société générale ont déposé une plainte collective ({class action}) à New-York. Ils accusent la banque française de s'être servi de l'affaire Kerviel pour masquer ses pertes liées à la crise des {subprimes}. Ils estiment que les dirigeants de la Société générale ont par contre profité des informations qu'ils détenaient pour réaliser de substantiels profits.
Article rédigé par franceinfo
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Quand l'Oncle Sam redonne le sourire à Jérôme Kerviel. Des actionnaires américains de la Société générale apportent un prompt secours à l'ancien trader, acculé par l'instruction de son affaire par la justice française.
_ L'action collective ( class action ) qu'ils ont décidé d'intenter contre la banque et trois dirigeants tombe en effet au moment où il va jouer son va-tout devant les juges Van Ryumbeke et Dessert. Avec ses avocats, il doit être entendu aujourd'hui, alors que les deux magistrats s'apprêtent à boucler leur dossier. Et la perspective de se voir renvoyé tout seul devant un tribunal se rapproche. Il va donc tenter une dernière fois de mettre en cause son ancienne banque, en demandant de nouvelles expertises et témoignages.

Si la plainte déposée devant un tribunal new-yorkais n'a aucune incidence juridique sur la procédure française, elle pourrait tout de même donner à réfléchir aux juges.
_ Les actionnaires américains de la banque qui l'ont déposé estiment que l'affaire Kerviel a servi de poudre aux yeux des petits porteurs pour masquer l'inquiétante exposition de la Société générale aux subprimes américaines. Ils accusent la banque d'avoir voulu créer la confusion en révélant en même temps les deux affaires.

Accusation de délit d'initiés

Par contre, accusent encore les actionnaires, tout le monde n'a pas été aveuglé. Et ils ciblent les trois principaux dirigeants de la banque à l'époque : l'ex-PDG, Daniel Bouton, aujourd'hui “seulement” président et les deux directeurs généraux délégués, Philippe Citerne et Didier Alix.
Selon les plaignants, ils auraient profité des informations à leurs disposition sur les risques pris par la banque pour tirer de juteux bénéfices de la revente de leurs propres actions Société générale. Et pendant qu'ils vendaient, sachant seuls que le feu était aux écuries, ils auraient continué à tenir des discours rassurants, “mensongers” même, accusent les américains.
Daniel Bouton aurait ainsi revendu 65% de ses actions pour 30 millions d'euros avant que le titre ne chute, emporté par l'affaire Kerviel et l'éclatement de la crise des subprimes. Philippe Citerne aurait empoché 23 millions en déstockant 81% de ses actions, même proportion pour Didier Alix, qui aurait encaissé plus de 3 millions d'euros. Ces ventes suspectes s'étaleraient d'août 2005 à janvier 2008, période visée par la class action.

La Société générale qualifie ces accusations “d'allégations ”, et prépare sa défense. Le juge américain doit se prononcer sur la tenue ou non d'un procès. La banque compte lui demander de le rejeter.

Grégoire Lecalot

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