La viande étoilée débarque en grandes surfaces
La mesure, prévue par un arrêté du ministère de l’Economie datant du 30 juillet, entre en vigueur ce samedi. Elle autorise les grandes surfaces à simplifier leur étiquetage. Concrètement, les termes précis de pièces de viande vont disparaître. A la place, des mots plus génériques. Exit donc l'araignée, la poire, ou encore le merlan et bonjour aux steaks étoilés.
"Ah, si on se tapait un bon petit pot au feu une étoile ?"...
Christian Le Lann n’est pas favorable à ces mesures de simplification qui, selon lui, "appauvrissent le patrimoine gastronomique français ". "Et puis moi, j’aime bien mettre des noms qui correspondent à des goûts ", poursuit-il. Ne pas prendre les consommateurs pour des incultes, c’est aussi le message de cet artisan boucher. "Je vois beaucoup de jeunes clients dans nos magasins qui deviennent des cuisiniers, des amateurs", qui s’intéressent aux produits. "Mon combat c’est maintenir des valeurs qui sont celles de la boucherie artisanale mais c’est aussi le langage de nos cuisiniers, de nos amateurs. Franchement, vous vous voyez ce soir dire à vos amis : "Ah, si on se tapait un bon petit pot au feu une étoile ? "…
"Il y aura les trois étoiles pour les riches et les une étoile pour les pauvres"
Des étoiles censées tout de même témoigner d’une qualité de produit. La poire par exemple, reconnue pour être un morceau de choix, est classée "steak trois étoiles". Mais selon Christian Le Lann, cette classification est discriminatoire. "Ça veut dire que ceux qui vont avoir un petit peu plus d’argent vont pouvoir avoir le trois étoiles. Il y aura les trois étoiles pour les riches et les une étoile pour les pauvres ", redoute-t-il.
La bonne nouvelle pour les gourmets, pas assez répandue selon Christian le Lann, c’est que la boucherie artisanale gardera la dénomination des ses morceaux. Et si l’idée de base était de simplifier les appellations pour doper la consommation de viande, en baisse depuis plusieurs années, Christian le Lann a son avis bien tranché sur la question : "Si on veut vendre un peu plus de viande faisons des viandes de qualité. On n’est pas obligé de manger énormément de viande. Avant tout, l’alimentation c’est un plaisir et quand vous mangez un morceau de viande, il faut que ça vous donne du plaisir ", explique-t-il.
Des éleveurs à bout de souffle
Le président de la Confédération française de la Boucherie, Boucherie-Charcuterie, Traiteur insiste aussi sur l’urgence aujourd’hui de soutenir les éleveurs et les races à viande. "Il y a des gens qui ne gagnent même pas 15.000 euros par an de revenus. Moi, j’entends beaucoup d’éleveurs qui sont les victimes de ces gens de la grande distribution et des centrales d’achat qui ont mis la France à la découpe depuis 2008 ", explique-t-il.
Face à ce nouvel étiquetage, la CFBCT a décidé de faire une campagne de communication auprès des artisans bouchers à partir de la fin janvier. "Il y aura également une nouvelle explication à nos consommateurs et à nos clients par différents moyens ", indique Christian Le Lann, qui en est convaincu : "A un moment donné, les Français ont envie de revenir à l’essentiel, aux fondamentaux ."
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