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L’Atelier Charentaises submergé par les demandes de pantoufles : "On ne prend plus de commandes depuis le mois de mai "

La charentaise a le vent en poupe depuis le premier confinement, à un point tel qu’à l'Atelier Charentaises, à La Rochefoucauld-en-Angoumois, seul producteur du département de la Charente, on peine à répondre à la demande.

Article rédigé par Raphaël Ebenstein
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
L'usine de l'Atelier charentaises, à La Rochefoucault-en-Angoumois (Charente), en décembre 2021. (RAPHAEL EBENSTEIN / RADIO FRANCE)

Lancé il y a un an et demi après la liquidation judiciaire de la dernière manufacture de Charente, l'Atelier Charentaises, à La Rochefoucauld-en-Angoumois, seul producteur du département de la Charente, est reparti avec quelques anciens salariés et de vieilles machines à coudre des années 1950. Mais en innovant sur des modèles tendances ou écolo. Le marché est en effet florissant depuis le premier confinement et les nouvelles habitudes de télétravail. Les charantaises figurent sur certaines listes de cadeaux de Noël. Les ventes de pantoufles sont même en hausse de plus de 10%.

"Les gens aiment être à l’aise"

Olivier Rondinaud, l'un des deux dirigeants, fait partie d'une famille de producteurs de charentaises depuis quatre générations. "Avec le Covid, les gens sont de plus en plus chez eux et donc aiment être à l'aise, explique-t-il. On sent que la charentaise correspond à l'attente du consommateur aujourd'hui." Et cela s'est déjà ressenti sur les effectifs...

"On a recruté puisqu'on a démarré à treize et on est dix-huit aujourd'hui et nous sommes en train de former une personne qui est rentrée chez nous en renfort il y a deux mois."

Olivier Rondinaud

à franceinfo

Le secret de l'authentique charentaise, c'est la technique du cousu retourné : pas de colle pour la semelle mais le travail minutieux d'un artisan dit "piqueur", qui assemble la semelle avec son dessus : ainsi, les piqures sont invisibles. Transmettre un tel savoir-faire relève du défi. Martine, 40 ans d'expérience, forme une collègue débutante sur sa machine. Elle sait qu'il lui faudra du temps pour se faire la main. "Il faut une bonne année pour que cela se passe bien, souligne cette dernière. Après, au fur et à mesure que les années vont passer, elle prendra de l'assurance et de la vitesse."

L’atelier doit refuser des commandes

Difficile donc de pouvoir répondre à la forte demande, d'autant qu'il y a pénurie de feutre produit dans le Tarn, destiné aux semelles des charentaises. Résultat, l'Atelier doit refuser des commandes auprès des 500 magasins avec lesquels il travaille explique Michel Violleau, l'autre dirigeant. "On ne prend plus de commandes depuis le mois de mai !, soupire-t-il. On ne prend pas de réassorts non plus et c'est vrai qu'on fait quelques malheureux... "

L'Atelier Charentaises devrait quand même avoir produit autour de 130 000 paires cette année, vendues entre 40 et 60 euros, c’est-à-dire jusqu’à dix fois plus que les pantoufles chinoises. En espérant que le boom du marché de la pantoufle, et du made in France, se poursuive en 2022.

L’Atelier Charentaises submergé par les demandes de pantoufles - Le reportage de Raphaël Ebenstein

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