Le dollar a chuté lundi, enregistrant un nouveau plus bas face à la monnaie japonaise depuis avril 1995
L'euro montait aussi face à la monnaie américaine lundi.
Cette nouvelle poussée de fièvre du yen intervient après la réunion du week-end des ministres des Finances et dirigeants de banques centrales du G20 en Corée du Sud.
Lors de cette rencontre préparatoire au sommet du G20 les 11 et 12 novembre à Séoul, les décideurs économiques se sont engagés à s'abstenir d'intervenir pour dévaluer leurs devises.
La tendance baissière du dollar risque d'autant plus de perdurer que s'est quasi effacée la probabilité d'une nouvelle intervention directe imminente des autorités japonaises sur le marché des changes pour atténuer la force du yen, après l'action, de peu d'effet, effectuée le 15 septembre.
De grands patrons japonais se préparent déjà à une flambée inédite du yen, tels le PDG exécutif de Toshiba qui dit établir ses plans stratégiques sur la base très contraignante d'un dollar à 70 yens, alors que jusqu'à présent la plupart des sociétés n'osaient pas imaginer le billet vert sous les 80 yens.
La cherté actuelle de la monnaie nippone est extrêmement handicapante pour les entreprises japonaises. De fait, elles sont tentées de délocaliser et de s'approvisionner davantage à l'étranger pour minimiser les risques financiers, au risque de mettre sur la paille leurs petits sous-traitants locaux et d'aggraver la situation de l'emploi dans l'archipel.
De tels moyens de lutte auraient des conséquences nocives sur l'ensemble de l'économie nippone en manque de dynamisme et affectée par le phénomène de ralentissement de l'activité que constitue la lancinante déflation.
Le déficit américain
D'après les estimations du Fonds monétaire international, en 2010 les Etats-Unis devraient avoir accumulé un déficit des comptes courants (leur déficit commercial, plus leur aide aux pays étrangers, moins leur excédent dans les revenus tirés de facteurs de production) de 467 milliards de dollars. Ce serait le total des plus grands excédents mondiaux: 267 milliards pour la Chine, et 200 milliards pour l'Allemagne. Le Japon, derrière eux, afficherait 166 milliards d'excédent.
Dans les années 1985 à 1987, les mêmes déséquilibres provoquaient les mêmes tensions politiques. Ces tensions existent toujours. Samedi, en marge de la réunion des ministres des Finances et banquiers centraux du G20 en Corée du Sud, le ministre allemand de l'Economie Rainer Brüderle a critiqué la politique monétaire américaine. "Une hausse excessive, permanente, de la masse monétaire est d'après moi une manipulation indirecte" du taux de change, a-t-il affirmé, dans des propos rapportés par l'hebdomadaire Die Zeit.
Dans un climat alourdi par les risques de guerre des changes, le G20 Finances a appelé à des systèmes de taux de change "davantage déterminés par le marché" et "à résister à toutes les formes de mesures protectionnistes", des engagements salués par les analystes. Il n'est pas sûr que cette déclaration de bonnes intentions suffisent à ramener le calme sur les marchés alors que les Etats-Unis (mais aussi d'autres pays comme le Royaume-Uni) sont tentés de laisser aller leur masse monétaire pour soutenir la croissance.
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