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Mal-logement : cinq chiffres-clés à retenir du rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre

L'association présente jeudi 28 janvier son 21e rapport sur "l'état du mal-logement en France". Elle affirme que 3,8 millions de personnes sont mal-logées dans l'Hexagone.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
La construction de plus de 350 000 logements neufs a été lancée en 2015. Loin de l'objectif (500 000 mise en chantier par an) du gouvernement. (Photo d'illustration) (GODONG / BSIP / AFP)

Accablant, comme toujours. La Fondation Abbé Pierre présente jeudi 28 janvier son 21e rapport annuel sur l'état du mal-logement en France. Un phénomène qui s'aggrave avec la persistance de la crise et le fort taux de chômage. A l'aide d'un tableau de bord détaillé qui compile et agrège les données les plus récentes, l'association évalue à 3,8 millions le nombre de personnes mal-logées. Mais elle estime en outre que 12 millions de personnes sont susceptibles de basculer dans cette catégorie, vu la cherté des loyers et des charges. Au total, plus de 15 millions de personnes seraient touchées par la crise du logement, soit près d'un Français sur quatre. Des 400 pages du rapport détaillé de la Fondation Abbé Pierre, francetv info a retenu cinq chiffres-clés. 

3,8 millions de personnes sont mal-logées  

Quelque 3,8  millions de personnes sont mal-logées en France, estime la Fondation Abbé Pierre, en citant l'enquête nationale sur le logement de l'Insee (datée de 2013). Les trois quarts de ces mal-logés vivent dans des conditions de logement très difficiles (manquant d'eau, ou de chauffage, ou d'équipement sanitaire...) et/ou dans une habitation surpeuplée. En clair, un logement auquel il manque deux pièces par rapport à la norme – ainsi définie : une pièce pour le ménage, une pièce pour chaque couple, une pièce pour les célibataires de 19 ans et plus, une pièce pour deux enfants s'ils sont de même sexe ou s'ils ont moins de sept ans, sinon, une pièce par enfant.

Autre chiffre qui va croissant : 650 000 personnes sont contraintes de vivre chez des tiers, dont une partie toujours plus importante d'adultes retournant habiter chez leurs parents. En y ajoutant les propriétaires dans des copropriétés en difficulté, les locataires ayant du mal à boucler leurs fins de mois, et les habitants mal chauffés ou mal isolés, la Fondation juge qu'"un halo" de 12 millions de personnes supplémentaires sont "fragilisées".

Un Français sur cinq n'arrive pas à se chauffer correctement

La précarité énergétique, l'humidité, la poussière, le bruit, le manque de lumière des appartements engendrent des maladies aussi bien physiques (asthme, allergies, angines...) que psychiques (stress, dépression...), rappelle La Fondation Abbé Pierre, avant de marteler qu'un logement insalubre a des conséquences directes sur la santé.

Or, certains indicateurs marquent un vrai recul. Alors que la rénovation et l'isolation thermique des logements sont affichées comme des priorités gouvernementales, la proportion de personnes disant souffrir du froid augmente de façon marquée. Elles étaient 10,9% à s'en plaindre en 1996, 14,8% en 2002 et 18,8% en 2013. Au total, 4,7 millions de ménages (11 millions de personnes) sont touchés, soit parce qu'ils n'arrivent plus à payer l'énergie, soit parce que leur logement est mal isolé, soit parce que leur chauffage est défectueux.

300 000 personnes n'ont encore ni eau courante, ni douche, ni toilettes

Plus de 300 000 personnes étaient encore privées du confort sanitaire de base (eau courante, douche, WC intérieurs) en 2013. C'est encore trop, mais le chiffre traduit néanmoins une nette amélioration puisqu'ils étaient 561 000 à en être dépourvus en 2006. Désormais, ces 205 000 logements hors norme ne concernent plus que 0,7% du parc total. Autre bonne nouvelle : la baisse des logements sans coin cuisine (-19%), qui n'abritaient plus que 135 000 personnes en 2013.

Le nombre de logements mis en chantier chaque année ne cesse de baisser

Comment résoudre le problème des mal-logés si la construction ne redémarre pas ? Triste constat : l'objectif du gouvernement – 500 000 constructions neuves par an – est très loin d'être atteint. 

Pire encore, le nombre total des logements mis en chantier régresse. Alors qu'il frôlait les 400 000 en 2012, le chiffre est tombé à 395 600 en 2013, 355 800 en 2014 et 351 200 en 2015. Le besoin est pourtant criant puisque, selon une étude du Commissariat général au développement durable (CGDD), la France devrait compter près de 30% de ménages supplémentaires en 2050.

La France compte moins d'un logement HLM pour trois demandes

Le parc HLM s'agrandit, mais trop lentement. Début 2015, il était évalué à 4 760 500 logements. Un volume conséquent, mais largement insuffisant alors que plus de 1,4 million de ménages (soit 5% de l'ensemble des ménages) étaient demandeurs en 2013.

Si les logements sociaux pêchent par la quantité, ils sont de surcroît inadaptés, note la Fondation Abbé Pierre, soit parce qu'ils sont trop "haut de gamme" et donc trop chers, soit parce qu'ils sont mal conçus, et souvent trop grands. "En 2013, écrit-elle, à peine un quart du parc existant se composait de petits logements alors que les personnes isolées et les familles monoparentales avec moins de 2 enfants représentaient respectivement 38% et 17% des locataires". Or, ces nouveaux foyers, qui comptent parmi les plus démunis, ont un besoin criant d'appartement bon marché.

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