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Iran : "La caricature est une arme politique utilisée par les mollahs donc on l’a utilisée contre eux" dans "Charlie Hebdo", explique Riss

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Article rédigé par franceinfo
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En 1993, les mollahs avaient eux-mêmes lancé un concours pour caricaturer l'écrivain Salman Rushdie, rappelle Riss. "Charlie Hebdo" à l'époque avait répliqué avec des dessins et réitère demain avec un numéro spécial consacré à l'Iran, cette fois pour saluer le "courage pur" des femmes.

"La caricature, c'est quelque chose qui, presque, fait partie d'une arme politique utilisée par les mollahs, donc on l’a utilisée à notre tour contre eux", explique mardi 3 janvier sur franceinfo Riss, directeur de la rédaction de Charlie Hebdo. L'hebdomadaire publie mercredi un numéro spécial consacré à l'Iran. Le mois dernier, le journal a lancé un appel aux dessinateurs du monde entier pour caricaturer le guide suprême Ali Khamenei qui orchestre la répression dans le pays.

franceinfo : Pourquoi cette initiative ?

Riss : C'est un peu une tradition de Charlie Hebdo de faire des caricatures, mais, comme je le rappelle dans l'édito, il y avait déjà eu des concours de caricatures qui, à l'époque, en 1993, avaient été lancés par les Iraniens eux-mêmes, par les mollahs, pour caricaturer Salman Rushdie. À l'époque, on avait fait des dessins dans Charlie Hebdo sur le régime iranien pour inverser les choses. C'est assez curieux, la caricature, c'est quelque chose qui fait presque partie d'une arme politique utilisée par les mollahs, donc on l'a utilisée aussi à notre tour contre eux. On a reçu plus de 300 caricatures, à peu près de toute la planète, y compris de dessinateurs iraniens, dont certains d'ailleurs sont réfugiés politiques en Californie, aux Pays-Bas, en Suède.

Craignez-vous des conséquences de cette caricature ?

Non, parce que ce n'est pas la première fois qu'on fait des caricatures aussi sur les ayatollahs. Ce n'est pas non plus un blasphème, on a quand même le droit de dessiner ce qu'on veut. Peut-être que ça ne leur plaira pas, mais ce n'est pas grave. On a subi des attaques informatiques dans les jours qui ont suivi pour essayer de bloquer le site. Charlie Hebdo est souvent attaqué quand il y a des choses comme ça, ce n'est pas nouveau.

Que représentent pour vous ces femmes qui manifestent ?

Elles représentent le courage parce que c'est courageux d'abord de manifester dans une dictature et puis dans une dictature sanglante et meurtrière. C'est du courage pur, presque du désespoir. Elles n'ont presque pas le choix. On voit bien aussi que derrière, cette revendication il y a aussi tout un tas de revendications sur une libéralisation de la société en général.

"Ça montre que souvent, la liberté des femmes conditionne beaucoup d'autres libertés. Quand il n'y a pas de liberté pour les femmes, il n'y a pas de liberté pour le reste de la société."

Riss, directeur de la rédaction de "Charlie Hebdo"

à franceinfo

Peut-on être à la fois contre le voile obligatoire en Iran et pour le voile en France, au nom de la liberté des femmes ?

On publie dans ce numéro un reportage qui avait été fait à l'époque, en 1979, par Sylvie Caster. Elle faisait partie d'une délégation de féministes qui s'étaient rendues en Iran à l'époque. Ces clivages existaient déjà, les féministes des années 1970 étaient déchirées entre cette vision un peu naïve mais optimiste où porter le voile ne leur posait pas de problème et puis une vision peut-être un peu plus lucide et plus pessimiste, selon laquelle le voile n'est pas un signe de liberté. Nous, on a toujours pensé que le voile n'était pas un signe de liberté. C'est une injonction silencieuse rarement dénoncée. C'est une injonction de porter le voile, mais ce n'est pas dit forcément de manière explicite, c'est un environnement, c'est un contexte qui fait que certaines femmes préfèrent faire ça.

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