Audiovisuel public : "Absurde et incompréhensible" de remplacer France 24 par franceinfo, dénoncent les journalistes de la chaîne internationale

Les déclarations du député Renaissance Quentin Bataillon "révèlent une méconnaissance évidente des spécificités et des enjeux de l'audiovisuel public extérieur", dénonce la CFTC.
Article rédigé par franceinfo
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Le logo de la chaîne France 24. (KENZO TRIBOUILLARD / AFP)

Les jours de France 24 sont-ils comptés ? Invité de franceinfo lundi 13 mai, le député Renaissance Quentin Bataillon souhaite "que franceinfo [TV, canal 27] puisse être poussée au niveau international pour remplacer, éventuellement, France 24". "Je pense que franceinfo, télévision et radio, doit être renforcée, et je pense que cette chaîne [TV, canal 27] aurait aujourd'hui toute sa place à l'international", explique l'élu. Il joue un rôle de premier plan dans la réforme de l'audiovisuel public. 

"Je pense que franceinfo, côté télé, a encore beaucoup de choses à faire. Cette réforme va porter des synergies importantes, notamment pour renforcer franceinfo. Je porte aussi le fait que franceinfo [TV] puisse rejoindre le canal 14 de la TNT, de manière à pouvoir être renforcée", ajoute-t-il. La chaîne d'information en continu prendrait la place de France 4 et serait placée devant ses concurrentes, en premier lieu BFMTV.

À France 24, la direction, le syndicat majoritaire, et la société des journalistes sont sur la même ligne. "'Remplacer' 4 chaînes d’information en français, en anglais, en arabe, en espagnol, conçus pour des audiences internationales ? M. Quentin Bataillon, c’est méconnaître nos spécificités. Heureusement, ce n’est pas le projet de l’Etat actionnaire qui mesure l’importance de France 24", cingle sa directrice, Vanessa Burggraf, sur X. "À travers le travail et l’expertise de ses journalistes et correspondants, France 24 s’est imposée en 18 ans dans le paysage audiovisuel mondial avec 140 millions de téléspectateurs et internautes chaque semaine sur les 5 continents. Une référence !", ajoute-t-elle dans un second post à ce sujet.

"La CFTC de France Médias Monde exprime son indignation face aux propos tenus par le député", écrit-elle dans un projet de communiqué transmis à franceinfo. "Ces déclarations révèlent une méconnaissance évidente des spécificités et des enjeux de l'audiovisuel public extérieur, en particulier ceux de France 24", ajoute l'organisation.

Préavis de grève

La réaction de la société des journalistes de France 24 est similaire. "On regrette que certains responsables politiques semblent méconnaître complètement le travail de France 24, le travail d'une chaîne internationale qui diffuse en quatre langues, partout dans le monde, avec des publics complètement différents", explique à France Culture sa présidente, Shirli Sitbon. "C'est une chaîne qui, depuis presque vingt ans, a montré sa crédibilité. Elle a un réseau de correspondants partout. C'est sa force, son indépendance aussi. Nos auditeurs [téléspectateurs] sont complètement différents de ceux de franceinfo. C'est absurde de penser qu'on peut remplacer ça avec une chaîne nationale, qui va se développer. Pour nous, c'est incompréhensible", dit-elle encore.

L'objectif du projet de réforme de l'audiovisuel public débattu les 23 et 24 mai à l'Assemblée "est dans un premier temps, la holding", confirme Quentin Bataillon. Une structure pour chapeauter ses différentes entités "qui vient préfigurer la fusion en 2026" de France Télévisions, Radio France, l’Ina et France Médias Monde, à savoir RFI et France 24. "France Médias Monde a un rôle extrêmement important. On le voit d'autant plus aujourd'hui, vu le contexte géopolitique, la voix de la France dans le monde a sa place et a son importance", continue celui qui a été rapporteur de la mission d’information sur l’avenir de l’audiovisuel public.

La CFTC France Médias Monde indique qu'"un préavis de grève sera déposé pour contester ce projet [...], prélude à des changements potentiellement désastreux pour France Médias Monde et l’ensemble de l’audiovisuel public". "Nous appelons les salariés à se préparer pour une mobilisation massive et générale afin de défendre l'avenir de nos médias, fragilisés par des visions politiques et comptables dénuées d’ambition et de sens", ajoute-t-elle. À France Télévisions et Radio France, les syndicats appellent à faire grève les 23 et 24 mai.

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