François Hollande a jugé mardi "inadmissible" l'intervention de Nicolas Sarkozy dans la reprise du Journal Le Monde
"Que le président de la République s'intéresse à l'avenir d'un grand journal n'est pas choquant" a déclaré l'ex-premier secrétaire du PS.
Mais, qu'il "écarte un repreneur" et "menace même que la Caisse des dépôts ne suive pas la reprise du journal dans ce cas de figure, est totalement inadmissible", a-t-il ajouté.
Le député de Corrèze faisait allusion à la rencontre entre Nicolas Sarkozy et le directeur du Monde, Eric Fottorino la semaine dernière au cours de laquelle, le chef de l'Etat lui aurait fait part de son opposition à une offre de reprise du trio Pigasse-Bergé-Niel.
Selon une source de la rédaction du journal, Eric Fottorino, s'exprimant devant les journalistes du quotidien, a souligné que l'offre déposée par Pierre Bergé, Matthieu Pigasse et Xavier Niel, ne trouvait pas grâce aux yeux du président.
"Nicolas Sarkozy veut être l'autorité qui nomme, non seulement au sein de l'Etat, de l'audiovisuel, des entreprises privées, mais également au sein de la presse: il veut être le maître du monde, y compris du journal!", a lancé M. Hollande.
De son côté, le député PS de l'Essonne, Julien Dray, a estimé dans un communiqué que "les dénégations des porte-parole de l'UMP quant à l'implication du président de la République dans le choix des offres de rachat du Monde ne doivent pas travestir les vrais enjeux de cet épisode". Selon lui, "il y a eu une tentative de pression, qui vise intentionnellement à perturber une des offres et à dénaturer l'ensemble du processus de reprise".
Le calendrier
Le Conseil de surveillance du groupe Le Monde a fixé au 21 juin la date limite dépôt des offres définitives. Elles seront examinées le 25 juin par la Société des Rédacteurs du Monde (SRM) et par les autres sociétés de personnels du groupe qui se prononceront sur les projets présentés.
Le Conseil de surveillance du groupe Le Monde se prononcera le 28 juin sur le choix du repreneur. Une adoption définitive interviendra ensuite lors d'une assemblée générale de tous les actionnaires prévue le 30 juin.
Les candidats
Deux pré-offres de recapitalisation du Groupe Le Monde ont été déposées, l'une émanant du consortium rassemblant le banquier de Lazard Matthieu Pigasse, le mécène Pierre Bergé et le fondateur de l'opérateur télécom Free Xavier Niel, l'autre du Groupe SFA PAR, détenu par Claude Perdriel, PDG du Nouvel Observateur.
Jeudi dernier, le directeur général d'Orange, Stéphane Richard, a déclaré que l'opérateur était prêt à consacrer si nécessaire quelques dizaines de millions d'euros au Monde.
Le groupe de presse espagnol Prisa, qui détient 15% du Monde, a lui aussi exprimé son intérêt, tout en disant espérer que le dépôt des offres puisse être reporté à la fin septembre.
Enfin, les groupes suisse Ringier et italien L'Espresso ont jeté l'éponge tandis que le français Lagardère, qui détient 17,27% du capital du journal, n'a pas souhaité participer à sa recapitalisation.
Un ticket d'entrée à 10 millions d'euros
Le groupe Le Monde, qui comprend le quotidien et son site internet, les magazines La Vie, Télérama, Courrier international et Le Monde diplomatique ainsi qu'une imprimerie croule sous les dettes. Il doit trouver de 80 à 100 millions d'euros pour assurer son avenir.
"Le candidat choisi devra procéder sans délai à un dépôt de 10 millions d'euros pour entrer en négociation exclusive avec le groupe", a d'ailleurs précise le quotidien dans un communiqué.
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