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Fusion entre TF1 et M6 : "Nous allons regarder comment l'opération affecterait la concurrence sur différents marchés", explique l'Autorité de la concurrence

"Nous allons examiner cela avec à la fois un esprit ouvert mais beaucoup de vigilance et d'attention, pour voir si les arguments qui nous sont présentés sont exacts ou pas", a assuré sur franceinfo la présidente de l'Autorité de la concurrence Isabelle de Silva.

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La présidente de l'Autorité de la concurrence, Isabelle de Silva, parle lors d'une conférence de presse au siège de l'Autorité à Paris, le 9 juillet 2019. (ERIC PIERMONT / AFP)

Alors que TF1 et M6 ont entamé des "négociations exclusives" en vue d'une fusion éventuelle en 2022, la présidente de l'Autorité de la concurrence Isabelle de Silva explique ce mardi sur franceinfo que l'institution va "regarder comment l'opération affecterait la concurrence sur différents marchés" et décider, à termes, de l'autoriser ou de l'interdire.

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franceinfo : sur quoi l'Autorité de la concurrence va-t-elle être vigilante ?

Isabelle de Silva : C'est une opération très importante, la plus grande opération qui s'est déroulée dans le secteur audiovisuel depuis très longtemps. Nous allons regarder comment l'opération affecterait la concurrence sur différents marchés, tout d'abord le marché de la publicité sur des chaînes de télévision gratuites, puisque TF1 et M6 ont actuellement une part de marché considérable, ensuite sur les marchés d'acquisitions des droits donc ce qui concerne la relation avec les producteurs de programmes audiovisuels, les achats de droits de films ou encore les achats de droits d'événements sportifs et puis l'un des derniers points qui sera regardé de près, c'est aussi le marché de la diffusion des chaînes de télévision sur des plateformes ou sur les box des FAI. Bien sûr, ce que je dis là n'est qu'une sélection des points que nous devons regarder car le dossier impacte des chaînes de la TNT et il y a aussi une dimension radio qui est impliquée.

Comment allez-vous enquêter ?

Notre examen est très concret. Nous allons regarder comment ces marchés fonctionnent. Par exemple, pour comprendre comment fonctionnent les marchés de la publicité aujourd'hui, nous allons interroger les annonceurs, donc ceux qui diffusent les publicités, les agences de publicité, les agences d'achats d'espace, afin aussi de comparer la publicité télévisée avec la publicité en ligne qui existe par ailleurs. [TF1 et M6 représentent 70% du marché de la publicité des chaînes télévisées gratuites et avec] une part de marché de 70%, ça paraît très compliqué qu'une telle opération puisse être même envisagée.

"L'opération, dès le départ, suscitera des difficultés et un examen approfondi."

Isabelle de Silva, présidente de l'Autorité de la concurrence

à franceinfo

Nous allons regarder les arguments des entreprises qui considèrent qu'il faut changer la définition de marché pour que l'opération soit possible. Nous allons examiner cela avec à la fois un esprit ouvert mais beaucoup de vigilance et d'attention, pour voir si les arguments qui nous sont présentés – qui conduisent à dire que la publicité en ligne et la publicité télévisée sont peu ou prou la même chose – sont exacts ou pas. Nous allons vraiment essayer de rechercher de façon très fine et réaliste tous les éléments concrets des acteurs du marché pour savoir si cette thèse qui est défendue par TF1 et M6 correspond à la réalité. Les options sont soit une autorisation de l'opération en tant que telle, soit une interdiction, ou encore une autorisation avec ce qu'on appelle des remèdes, c'est-à-dire qu'il faudrait que l'opération soit modifiée pour qu'elle puisse être autorisée.

TF1 et M6 disent vouloir faire le poids face aux plateformes de VOD. Ces plateformes sont-elles intégrées au domaine de la concurrence ?

C'est quelque chose que nous allons prendre en compte. Le développement des plateformes comme Netflix ou des acteurs comme Google ne peut pas conduire à justifier toutes les fusions possibles. Il faut regarder de quelle façon leur essor change les règles du jeu concurrentiel ou pas, d'une façon qui conduirait à autoriser cette fusion. Pour prendre un exemple, la présence de Netflix dans ces marchés d'acquisition de certains droits pour produire des séries ou même pour réaliser des films, peut-être que cela pourra nous conduire à avoir une approche du marché qui considérera que de ce point de vue-là, l'opération est possible. Mais c'est vraiment chacun des marchés qu'il faudra regarder. Par exemple, Netflix n'est pas présent sur le marché de la publicité puisqu'elle se finance par abonnement.

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