Le Conseil de surveillance du groupe Le Monde s'est prononcé lundi en faveur de l'offre de MM. Bergé, Niel et Pigasse
Il a choisi leur offre par 11 voix sur 20. Orange et Le Nouvel Observateur avaient annoncé qu'ils retiraient la leur.
Les personnels du quotidien s'étaient prononcés vendredi à une forte majorité en faveur de l'offre du trio d'hommes d'affaires Bergé-Niel-Pigasse (dite "BNP").
MM. Bergé, Niel et Pigasse considèrent le groupe comme "un bien commun" et sont convaincus de la nécessité d'"une politique ambitieuse de renforcement de l'offre éditoriale et d'investissement dans l'activité numérique". "Nous considérons Le Monde comme un bien commun. Cette conviction est au coeur de notre démarche. Nous nous engageons à ce que ce projet soit mené en toute indépendance", écrivent les trois hommes dans un communiqué. "Face aux difficultés économiques, auxquelles le groupe Le Monde est confronté depuis plusieurs années, nous sommes convaincus que seule une politique ambitieuse de renforcement de l'offre éditoriale et d'investissement dans l'activité numérique est de nature à conforter l'avenir du Groupe", ajoutent-ils.
Retrait de l'offre dite POP
Au début de la réunion du Conseil de surveillance, Claude Perdriel, qui en est membre, a annoncé le retrait de l'offre qu'il avait déposée avec Orange et Prisa (dite "POP": Perdriel, Orange, Prisa). Le président du groupe Nouvel Observateur a donné son pouvoir au président Louis Schweitzer.
L'offre "BNP" aurait recueilli les 9 voix représentant les salariés, dont celles de la Société des rédacteurs du Monde, plus les deux bulletins déposés par Louis Schweitzer.
Vendredi, les journalistes du Monde avaient choisi l'offre "BNP" à 90,8%. 94,9% des cadres et 100% des employés avaient voté dans le même sens. Tous les personnels ont ainsi rejeté l'autre offre dite "POP" (Perdriel, Orange, Prisa).
Les deux trios en concurrence pour reprendre le quotidien avaient indiqué qu'ils suivraient le vote des journalistes. Selon un représentant syndical, l'offre du trio Pigasse-Bergé-Niel a été jugée "plus jeune, plus moderne, plus éloignée de l'Elysée". La saga de la reprise du Monde avait été émaillée d'informations internes au quotidien faisant état d'une initiative de l'Elysée pour éviter une prise de contrôle du journal par des investisseurs jugés trop proches de l'opposition.
Présentée par trois personnalités venues d'horizons très différents, l'offre Bergé-Niel-Pigasse, qui l'a emporté au Conseil de surveillance du Monde, prévoit d'injecter plus de 100 millions d'euros dans le groupe et n'envisage pas de suppressions de postes.
Elle réunit Pierre Bergé, riche mécène et ancien patron-fondateur du groupe Yves Saint Laurent, Xavier Niel, président fondateur de Free (Iliad), et Matthieu Pigasse, banquier d'affaires, ancien proche de Dominique Strauss-Kahn et Ségolène Royal, propriétaire de l'hebdomadaire Les Inrockuptibles.
Le montant des investissements envisagés n'a pas été détaillé précisément. Les repreneurs n'ont pas dit non plus ce qu'ils prévoyaient pour sauver l'imprimerie, le problème le plus épineux du dossier. Du côté des rédactions, l'offre souhaite fusionner les équipes "web" et "papier", contrairement à ce qu'envisageait le projet concurrent.
Le trio se serait par ailleurs engagé à ne pas changer les structures de gouvernance du groupe et a multiplié les garanties déontologiques pour les journalistes. Le droit de veto dont bénéficie la SRM (Société des rédacteurs du Monde) sur la nomination du directeur du quotidien serait maintenu.
Selon la SRM, Pierre Bergé "s'est engagé, via une fondation, à donner au Pôle d'Indépendance (les moyens de conserver une minorité de blocage au sein de la société Le Monde SA", la holding de contrôle du groupe. L'homme d'affaires serait prêt à consacrer plus de 15 millions d'euros à cette fondation.
Le Pôle d'indépendance, qui réunit plusieurs actionnaires historiques, se veut le garant des valeurs fondatrices du quotidien.
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