L’eau de plus en plus rare dans le sud de l'Algérie
Le Hoggar, une région presque aussi grande que la France, une succession de hauts plateaux volcaniques, de barres rocheuses entrecoupées d’oueds, de massifs et de terrains sableux.
_ C’est là, dans ce véritable désert de pierres, que vivent les Touaregs, peuple de pasteurs nomades. Un peuple dont le mode de vie est de plus en plus menacé par le manque d’eau. Moussa Adouintala témoigne : "beaucoup d’entre nous quittent le désert, parce qu’ils ne trouvent plus d’eau pour leurs dromadaires et n’ont plus de pâturages pour leurs chèvres" A 58 ans, Moussa possède une ferme au sud de Tamanrasset, mais ce ne sont pas ses chèvres et ses quelques cultures qui le font vivre. Moussa travaille comme guide pour plusieurs agences et il parcourt le Hoggar depuis plus de 30 ans. A ce titre, il connaît le moindre puits, la plus petite source au milieu des étendues de pierrailles.
Et son diagnostic est sans appel : les périodes de sécheresse sont de plus en plus longues et de nombreuses sources se sont taries dans les hauts plateaux. Les pluies sont très limitées et sporadiques : "la dernière averse remonte au mois de janvier et l’an dernier, il n’a quasiment pas plu" précise Moussa.
En 7 jours de marche à ses côtés dans les montagnes de l’Atakor, nous n’avons trouvé que 3 gueltas, ces bassins d’eau si précieux pour étancher la soif des dromadaires.
L’eau dicte sa loi aux Touaregs, qui abandonnent petit à petit le nomadisme et préfèrent se sédentariser autour des oasis, îlots de végétation rase où ils cultivent fruits et légumes et font pâturer leurs chèvres. Ils ont perfectionné les systèmes anciens de canaux et de peignes pour ne pas perdre la moindre goutte d’eau si chèrement conquise.
A Tamanrasset, l’eau est rationnée
A Tamanrasset aussi, l’eau est un problème quotidien pour les 100.000 habitants de cette ville qui ne cesse de croître. Par moments dans la journée, rien ne sort du robinet. De pénibles surprises pour les touristes qui font étape dans la ville après une semaine de trek dans le désert.
_ Les ressources locales sont trop limitées et la politique algérienne de l’hydraulique est très en retard par rapport aux besoins. Un incessant ballet de camions-citernes fait donc la navette chaque semaine depuis un point d’eau situé à des centaines de kilomètres au Nord.
L’an prochain, tout devrait s’arranger : Tamanrasset sera alimentée à partir des eaux souterraines d’In Salah, à 750 km au Nord. Les travaux sont en cours. Il s’agit de mettre en place 1259 km de conduites, 24 forages et 6 stations de pompage. Coût de de l’opération : 1,8 milliard de dollars. Un investissement rare dans le monde, confié à l’entreprise chinoise CGCOC, et qui devrait plus tard mobiliser des entreprises russes, espagnoles, portugaises et même françaises. L’objectif est d’acheminer 50.000 m3 d’eau par jour dès le premier trimestre 2010, et 100.000 m3 d’ici à 2025. La canalisation d’adduction est déjà visible à certains endroits, le long de la route transsaharienne.
_ "On attend cet investissement depuis de longues années, ça va changer notre quotidien" précise Mohamed Lansari, qui fut maire de Tamanrasset de 1970 à 1975 et qui dirige actuellement l’agence de voyage Tarakeft.
Le président Bouteflika fait de ce chantier un argument électoral pour les électeurs du sud, en vue de la présidentielle du 9 avril. Il était d’ailleurs venu annoncer le projet à Tamanrasset l’an dernier.
_ L’objectif est aussi de créer de nouveaux lieux de vie dans le sud algérien pour désengorger les villes du Nord.
Reportage et photos : Armand Peyrou-Lauga
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