Mort de Jean-Pierre Elkabbach : "C'était un dramaturge, il préparait ses interviews de cette façon-là", se souvient Alain Duhamel
Jean-Pierre Elkabbach "était un dramaturge, il se vivait comme tel et il préparait ses interviews de cette façon-là", salue mercredi 4 octobre sur France Inter Alain Duhamel, journaliste politique. L'essayiste rend hommage à son ancien collègue et ami depuis une quarantaine d'années, mort mardi 3 octobre à l'âge de 86 ans. "Dès qu'il pénétrait dans un studio, brusquement on avait l'impression qu'on était à la fin d'un opéra de Wagner, que tout allait sauter autour de nous", raconte ainsi Alain Duhamel.
Alain Duhamel se souvient d'un homme "unique". Il explique ainsi qu'aucun autre journaliste "n'était capable comme lui de se battre pendant des années pour obtenir une interview". Il évoque notamment l'interview de François Mitterrand, quelques mois avant le décès de l'ancien président de la République. Jean-Pierre Elkabbach essayait de l'avoir "depuis des années" et c'en est devenu "son plus grand moment". "Un président qui sait qu'il va mourir et qui se livre sur ce qui a été son péché capital, il n'y a pas beaucoup d'exemples dans le monde et pour Jean-Pierre c'était l'interview de sa vie", salue Alain Duhamel. Pour obtenir ces rendez-vous, Jean-Pierre Elkabbach "avait ses stratégies".
"Il allait trois fois à Moscou pour avoir une chance de pouvoir au bout du compte interroger Vladimir Poutine"
Alain Duhamel, au sujet de Jean-Pierre Elkabbachà France Inter
Jean-Pierre Elkabbach et Alain Duhamel avaient lancé ensemble l'émission Cartes sur table sur Antenne 2 dès les années 1970. Pendant "une heure", les deux journalistes étaient face à "un invité unique", un moment "toujours intense". "Il y a eu des moments assez dramatiques comme au moment de la rupture de la gauche et à l'approche de 1981" avec l'abolition de la peine de mort.
Alain Duhamel raconte que les deux hommes avaient deux styles différents à l'antenne : "J'avais un fond académique, je cherchais la solidité et il cherchait la prouesse en permanence", indique-t-il. Il reconnaît qu'ils n’étaient pas "toujours d'accord, y compris pour [leurs] interviews". Par exemple, pour Jean-Pierre Elkabbach, "une bonne interview donnait une dépêche de l'AFP" tandis que pour Alain Duhamel "une bonne interview était une interview dans laquelle [il avait] une réponse à au moins l'une de ses questions".
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