Mort de Jean-Pierre Elkabbach : politiques et journalistes rendent hommage à un "monstre sacré du journalisme français"
Un intervieweur qui aura marqué son époque. La classe politique a rendu unanimement hommage au journaliste Jean-Pierre Elkabbach, mort mardi 3 octobre à l'âge de 86 ans. Le président Emmanuel Macron a salué mercredi un "monstre sacré du journalisme français". Ce décès est intervenu "à la veille du 65e anniversaire de notre Ve République, lui qui était toujours là, à chacune de ses grandes dates, dans nos écrans ou sur nos ondes, pour en raconter les riches heures et en interroger les acteurs", a rappelé le chef de l'Etat.
"Il était insatiable par sa curiosité", a salué son prédécesseur François Hollande au micro de France Inter. Pour l'ancien président de la République, Jean-Pierre Elkabbach était "sans doute l'un des plus grands journalistes". Il se souvient également d'un homme "respectueux de ce qu'était la politique". "S'il était devenu journaliste, c'est parce qu'il voulait lui aussi sa place dans le destin de la France ou même du monde", assure l'ancien chef de l'Etat.
"Passionné de politique, boulimique d'information, intervieweur pugnace et sans concession, directeur de médias exigeant et visionnaire, Jean-Pierre Elkabbach a marqué de son empreinte toute une génération", a déclaré de son côté Nicolas Sarkozy sur la plateforme X.
Beaucoup se sont remémoré les entretiens sans concession menés par le journaliste, partageant leur expérience personnelle ou celle de leur famille politique. "Compagnon de route de la Ve République, Jean-Pierre Elkabbach aura marqué l'histoire médiatique de notre pays. Ses échanges mythiques avec Georges Marchais resteront gravés. J'ai apprécié, à mon tour, ses interviews, toujours respectueuses", a salué le secrétaire national du Parti communiste, Fabien Roussel.
"Observateur hors pair de notre vie politique"
"Ma première interview fut avec Jean-Pierre Elkabbach ! Autant une épreuve qu'une consécration", a confié l'ex-ministre LR Rachida Dati. Dans un registre tout aussi personnel, l'ex-Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve a confié que le journaliste était son "ami d'Oran". "Nous avions en partage des souvenirs d'Afrique du Nord, des expressions que nous étions seuls à utiliser", ajoute-t-il, rendant hommage à "un journaliste habité par la passion de savoir, de comprendre et d'informer".
"Beaucoup de tristesse à l'annonce du décès de Jean-Pierre Elkabbach. Travailleur infatigable, intervieweur inépuisable, je me souviens de notre première rencontre, au micro, et de ce sentiment de vertige, de stress, qui a vite laissé place à une relation cordiale et de confiance", a noté le ministre du Travail, Olivier Dussopt, tandis que le ministre des Finances, Bruno Le Maire, soulignait qu'il était un "observateur hors pair de notre vie politique nationale" qui a "cru toute sa vie dans la force de l'engagement public".
De son côté, le président du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, a également insisté sur la dimension de Jean-Pierre Elkabbach dans la politique moderne. "Il avait interrogé tous les chefs d'Etat depuis Valéry Giscard d'Estaing et fait vivre notre débat démocratique : Jean-Pierre Elkabbach, c'est plus d'un demi-siècle de journalisme politique, et des interviews mémorables", a-t-il écrit. "Le monde des médias perd un grand journaliste de caractère que les politiques redoutaient tant il était solide intellectuellement", a estimé le président du parti LR, Eric Ciotti.
"Sans doute le plus grand de sa génération"
Côté médias, "je suis très triste de la disparition de Jean-Pierre", a réagi sur franceinfo Marc-Olivier Fogiel, directeur général de BFMTV. "C'était un intervieweur talentueux qui allait au combat et mettait des gants de boxe tous les jours parce qu'il voulait à chaque fois créer une espèce de tension." L'écrivain et journaliste Philippe Labro a, lui, salué "très grand journaliste, sans doute le plus grand de sa génération", également sur franceinfo.
Il "était un dramaturge, il se vivait comme tel et il préparait ses interviews de cette façon-là", a salué sur France Inter Alain Duhamel, journaliste politique. Pour obtenir ses interviews, Jean-Pierre Elkabbach "avait ses stratégies" : "Il allait trois fois à Moscou pour avoir une chance de pouvoir au bout du compte interroger Vladimir Poutine."
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