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Radio France : cinq questions sur la révocation de Mathieu Gallet par le CSA

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a retiré mercredi le mandat de Mathieu Gallet à la tête de Radio France.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Mathieu Gallet à la Maison de la Radio à Paris, le 7 octobre 2014. (BERTRAND GUAY / AFP)

Cette décision est unique dans l'histoire de l'audiovisuel public français. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) a annoncé mercredi 31 janvier son choix de "retirer son mandat" au président de Radio France, Mathieu Gallet, "à compter du 1er mars". Cette révocation fait suite à sa condamnation en première instance pour favoritisme. Son mandat courait jusqu'en mai 2019.

Qu'est-ce qui est reproché à Mathieu Gallet ?  

Mathieu Gallet a été condamné le 15 janvier à un an de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende pour avoir favorisé deux sociétés de conseil lorsqu'il présidait l'Institut national de l'audiovisuel (INA). Il est soupçonné d'avoir commandé près de 400 000 euros de prestations à deux sociétés de conseil sans avoir respecté les règles des marchés publics. Mathieu Gallet, qui a toujours clamé son innocence, a fait appel de cette condamnation. Il attendait de prendre connaissance de la décision motivée du CSA sur sa révocation avant de déposer un éventuel recours devant le Conseil d'Etat. Un recours peut être déposé avant le 1er mars, date fixée par le CSA pour la révocation de Mathieu Gallet. Cet appel sera suspensif. 

Comment le CSA explique-t-il cette révocation ?

Le CSA a motivé sa décision par un communiqué, en mettant en avant les rapports compliqués entre Mathieu Gallet et l'Etat. "Il importe que les relations d’échange et de dialogue (...) soient denses, confiantes et permanentes, dans un contexte de réforme majeure de l’audiovisuel public annoncée par le pouvoir exécutif." Le CSA assure avoir "pris en compte l’intérêt général et le bon fonctionnement du service public audiovisuel à l’exclusion de toute autre considération". Dans son communiqué, le CSA se dit "particulièrement sensible aux questions de déontologie, de prévention des conflits d’intérêts et de moralisation de la vie publique qui sont des préoccupations fortes des citoyens et des pouvoirs publics".

Est-ce une décision inédite ?

C'est une première pour le CSA. Créé en 1989, il n'avait jamais eu à lancer de procédure de révocation d'un dirigeant de l'audiovisuel public. C'est très probablement aussi la dernière fois. Le gouvernement veut donner aux conseils d'administration des groupes de l'audiovisuel public le droit de nommer et de révoquer leurs présidents. Cette mesure doit figurer dans un projet de loi présenté avant la fin de l'année, conformément au souhait exprimé par Emmanuel Macron. En attendant, il revient au CSA, qui a désigné Mathieu Gallet à l'unanimité en 2014 pour diriger Radio France, de nommer son successeur.  

Qui va le remplacer à la tête de Radio France ?

Si la révocation de Mathieu Gallet est maintenue, c'est Jean-Luc Vergne, le doyen d'âge du conseil d'administration de Radio France, qui assurera l'intérim à la tête du groupe. Agé de 69 ans, il connaît peu l'audiovisuel. Il a été DRH de plusieurs grands groupes (Sanofi, Elf Aquitaine, PSA, BPCE). Il a été nommé par le CSA au conseil d'administration de Radio France fin 2016.  

Quelles sont les réactions à sa révocation ?  

Mathieu Gallet ne s'est pas exprimé pour le moment, mais par le biais d'un communiqué, ses avocats, Christophe Ingrain et Rémi Lorrain, ont regretté "que la pression de l'Etat" ait été "plus forte que la présomption d'innocence". Ils jugent "inquiétant de voir l'Etat promouvoir le principe d'exemplarité parce que c'est le règne de l'arbitraire".

Après la condamnation du PDG de Radio France, la ministre de la Culture Françoise Nyssen avait jugé son maintien à son poste "inacceptable". Elle avait appelé le PDG de Radio France et le CSA à "tirer les conséquences" du jugement. Françoise Nyssen a rappelé mercredi dans un communiqué que l'"exemplarité" était une "condition absolue" pour les dirigeants des services publics.         

De leur côté, les syndicats s'inquiètent pour l'avenir de Radio France. "Aujourd’hui sans capitaine, le navire Radio France, qui pourtant affiche des résultats d’audience exceptionnels, n'a plus ni gouvernail, ni boussole", écrit le SNJ Radio France dans un communiqué, en demandant "l’interruption des discussions sur l'avenir de l'audiovisuel public jusqu'à ce que Radio France ait retrouvé un dirigeant légitime".

Le délégué Sud Radio France, Jean-Paul Quennesson, a demandé, sur franceinfo, à ce que les syndicats soient "reçus urgemment par le gouvernement". Pour Philippe Ballet, délégué Unsa, "on peut se demander si le CSA obéit aux ordres", a-t-il déclaré sur franceinfo. Selon lui, cette décision tombe au pire moment, alors que le gouvernement souhaite réformer en profondeur l'audiovisuel public.

Mathieu Gallet a réagi, jeudi 1er février, pour la première fois depuis sa révocation dans un court message adressé aux collaborateurs de Radio France. "Il est essentiel, même si cela n'est pas facile au cours de cette période, de rester mobilisés au service de Radio France et de ses publics", écrit-il après avoir annulé la cérémonie des vœux prévue jeudi. Mathieu Gallet réunira le personnel de Radio France lundi 5 février dans l'auditorium de la Maison de la Radio.

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