Nucléaire : l'Iran pourrait devenir le "paradis des investisseurs"
Après des années de négociations, un accord sur le nucléaire entre Téhéran et les six grandes puissances occidentales pourrait être finalement signé en début de semaine prochaine. Les négociations reprennent ce jeudi à Vienne, à l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique). Un tel accord serait un véritable signe d’ouverture pour l’Iran, qui ne serait plus soumis aux sanctions internationales et deviendrait un marché très intéressant pour les investisseurs du monde entier.
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Un marché de 80 millions d’habitants où les Français se font une place
Certains entrepreneurs français sont présents depuis très longtemps en Iran. Peugeot, par exemple, est là depuis la fin des années 1980. Les 405 blanches sont très nombreuses à circuler dans Téhéran. Total est aussi très bien positionné dans le secteur gazier et pétrolier.
Depuis 2006, suite aux sanctions imposées, ces groupes ont considérablement réduit leur activité. Mais ils bénéficient d’un vrai capital confiance et sont prêts à revenir en force. D’ailleurs beaucoup d’investisseurs préparent le terrain et prennent des contacts en attendant la fin des sanctions.
Les moutons français, stars des prairies iraniennes
Dans la commune de Firuz Kuh, à deux heures de Téhéran, les bergers font paître leurs chèvres et leurs moutons dans un paysage de collines et de vallons. C’est là qu’est en train de se monter une ferme industrielle de 1000 têtes de bétail, venues tout droit de France. Elles sont arrivées le mois dernier.
"On a importé des Romanov, des Rouge de l’ouest et aussi des Lacaune. C’est avec leur lait qu’on fait le Roquefort" (Nima Sayyah)
Nima Sayyah, 34 ans, est spécialiste de reproduction animale et porte le projet de ferme de la société Kalagen. Il veille amoureusement sur les chèvres. "Ce n’est pas facile de les élever, elles sont très fragiles, explique-t-il. C’est à nous de nous adapter, de faire attention à la température, à leur nourriture, à leur vaccination. Mais on va les croiser avec des races locales, pour avoir à la fois une grande production de lait tout en étant plus résistants." Les premiers croisements auront lieu dans quelques semaines.
Une entreprise de la Vienne au cœur des échanges
Pour les Iraniens, les Français ont une vraie expertise en matière de génétique animale. Les éleveurs travaillent avec un "organisme de sélection" situé dans la Vienne. Ce qu’ils veulent, c’est lancer des structures rentables parce que l’élevage artisanal d’aujourd’hui n’arrive plus à répondre à la demande de viande et de lait. Si le gouvernement iranien n’avait pas joué les facilitateurs, ça n’aurait jamais été possible.
"On pourra travailler ensemble dans un climat de sérénité" (Hossein Salari)
Maintenant c’est aux Français de pousser un peu plus la collaboration, selon Hossein Salari, le PDG de Kalagen. "L’Iran est un très grand marché et l’importation ne représente que le début de notre projet… raconte le président directeur général. Il nous faut maintenant des transferts de compétences, de technologies. C’est comme ça que l’on pourra se développer et durer sur le long terme."
L’accord au coeur de tous les espoirs
La perspective d’un accord à Vienne donne d’ailleurs des ailes aux Français déjà installés dans le pays. Narima Sadri est le directeur général de Sanofi, géant de l’industrie pharmaceutique, et compte beaucoup sur le déblocage des fonds iraniens pour distribuer davantage de médicaments. "Ici, personne n’est encore venu, personne n’a vraiment investi. L’Iran va devenir le paradis des investisseurs." Un paradis, mais dans une République Islamique où les libertés sont sous surveillance.
Une concurrence féroce entre investisseurs
La concurrence va être rude c’est pour ça qu’il faut y aller, maintenant, selon Michel Makinski. Depuis Paris il aide les entreprises, qui le souhaitent, à travailler avec l’Iran. "Il faut y aller, les autres européens sont déjà sur les rangs, beaucoup de secteurs où les Français sont bien placés… Et il n’y a pas une minute à perdre." D’ailleurs le Médef a déjà fait venir une grosse délégation patronale l’an dernier a d’ailleurs programmé une deuxième visite en septembre.
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