Le brief éco. L’inflation va-t-elle venir des États-Unis ?
Le sujet de la hausse des prix fait beaucoup parler en Europe, même si on ne constate aucune "valse des étiquettes" pour l'instant. Les derniers chiffres américains pourraient changer la donne.
Avec une envolée proche de 5,4% par rapport à juin 2020, les prix outre-Atlantique ont atteint le mois dernier leur plus forte hausse depuis treize ans. Il faut en effet remonter à 2008 pour retrouver un tel niveau. 2008, juste avant que n’éclate la grande crise financière internationale.
L’histoire ne se répète pas. Les deux crises n’ont rien à voir. À partir de 2008, la profonde dépression avait été entraînée par la faillite de la banque Lehman Brothers et ses conséquences en cascade. Rien à voir avec la pandémie d’aujourd’hui. L’inflation s’installe aux États-Unis depuis plusieurs mois avec la reprise de la demande et surtout les difficultés mondiales d’approvisionnement. Tout ce qui est rare est cher. Mais le chiffre est sévère : si l’on exclut les prix de l’alimentation et de l’énergie qui sont très volatils, on atteint une inflation dite "sous-jacente" au plus haut depuis trente ans. Exemple : le mois dernier aux États-Unis, les prix de l’essence et des voitures d'occasion ont augmenté tous les deux de 45%.
Cruel dilemme
Les autorités monétaires américaines peuvent agir mais la situation est délicate. Une rencontre est à suivre d’ici vendredi 16 juillet : l’audition du président de la Réserve fédérale américaine, la FED, l’équivalent de la Banque centrale européenne. Le patron de la FED sera auditionné par les parlementaires à Washington. Jerome Powell est pris entre deux feux : remonter les taux d’intérêt pour freiner la flambée des prix, mais au risque de compromettre la reprise aidée par le plan de milliards de milliards de dollars injectés dans l’économie par le président Joe Biden.
Quelles conséquences pour l’Europe ?
Pour l’instant, de ce côté-ci de l’Atlantique, nous tenons l’objectif défini par la BCE de maintenir un taux d’inflation de plus ou moins 2% (1,9% en zone euro sur un an ; 1,5% en France). La présidente de la Banque centrale européenne Christine Lagarde conserve son sang-froid. Elle continue d’ancrer ses décisions dans la durée : pas de hausse des taux d’intérêt pour ne pas casser la reprise. Aucun geste prématuré face à une situation sous contrôle, mais une veille permanente. Comme on surveille le lait sur le feu.
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