Congrès HLM : quatre chiffres pour comprendre la crise du logement social en France
Un congrès pour tenter de surmonter la crise. Les acteurs du secteur des HLM se réunissent à Nantes à partir de mardi 3 octobre (et jusqu'à jeudi) à l'occasion du 83e congrès de l'Union sociale pour l'habitat (USH). Trois ministres doivent prendre part à ce rendez-vous : Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique, Philippe Vigier, chargé des Outre-mer, et Patrice Vergriete, chargé du Logement.
Les sujets de préoccupations sont nombreux, entre l'attente qui s'allonge pour les ménages et les constructions de logements en berne. Illustration avec quatre chiffres qui montrent l'ampleur de la crise actuelle du logement social en France.
1Près de 2,5 millions de ménages en attente
Une liste d'attente qui s'allonge à n'en plus finir. Fin 2022, 2,42 millions de ménages étaient en attente d'un logement social, dont 1,63 million pour une première attribution, selon les chiffres de l'Union sociale pour l'habitat. Un chiffre en constante progression et qui a, depuis, continué d'augmenter en 2023, signalent plusieurs organismes. "Il y a des régions où, en moins d'un an, vous avez un logement social et d'autres où il faut deux, trois, voire huit ans pour obtenir un logement social. C'est insupportable pour les personnes qui font cette demande", a déclaré mardi sur franceinfo Emmanuelle Cosse, présidente de l'Union sociale pour l'habitat.
2Seulement 85 000 nouveaux logements sociaux en 2023
Selon Patrice Vergriete, ministre délégué au Logement, près de 85 000 nouveaux logements sociaux seront autorisés en 2023. Et ce chiffre n'est pas bon. "Le nombre d'agréments n'est pas suffisant à l'échelle nationale", a reconnu lundi le ministre, tout en refusant de définir immédiatement un objectif chiffré de production. En 2021, sa prédécesseure, Emmanuelle Wargon, visait 250 000 nouveaux logements en deux ans. Moins de 100 000 autorisations par an (en 2021 et 2022) ont finalement été octroyées.
Les besoins de nouveaux logements sociaux sont bien plus élevés. "On vient de faire une étude qui montre qu'il faudrait produire chaque année environ 198 000 logements, soit du logement neuf, soit du logement que l'on fait dans des bâtiments existants", affirme ainsi Emmanuelle Cosse.
Et les perspectives d'avenir n'incitent pas à l'optimisme. Les bailleurs sociaux, pris entre leurs obligations de rénovation et une dette grandissante, pourront construire beaucoup moins de logements dans les prochaines décennies, selon une étude prospective de la Banque des territoires, publiée fin septembre. La construction de HLM devrait continuer de ralentir pour se stabiliser à une moyenne de 66 000 nouveaux logements annuels à partir de 2030. Selon cette même étude, les bailleurs sociaux n'auront, par ailleurs, pas les moyens de rénover et de construire dans le même temps.
3Un taux de mobilité de moins de 8%
Le blocage du marché locatif social s'explique aussi par un autre phénomène : la baisse du taux de mobilité. Une très faible part du parc social (7,9%) a été proposée à la location par mobilité des locataires en 2022, selon les chiffres de l'Union sociale pour l'habitat. L'année dernière, 425 000 familles ont emménagé soit dans des logements neufs, soit dans des logements libérés par leurs occupants (contre 445 000 en 2021). "Ce chiffre est en baisse, notamment du fait d'une diminution des mises en service, mais aussi d'une baisse de la rotation dans le parc", selon le bailleur social.
Cette réduction du nombre de départs (et donc d'arrivées) dans les logements sociaux chaque année fait partie du cercle vicieux dans lequel est enfermé le marché du logement dans son ensemble, notamment depuis la forte hausse des taux d'intérêt et le renchérissement des prêts immobiliers, qui a rendu plus difficile l'accès à la propriété. Dans ce contexte, de nombreux locataires préfèrent ne pas quitter leur logement social, même s'il ne correspond plus à leurs besoins.
4Un tiers des ménages peut prétendre à un logement social
Les HLM ne sont pas réservés à une petite minorité. Un Français sur deux vit ou a vécu dans un logement social, selon l'Union sociale pour l'habitat. Actuellement, un tiers des ménages ne sont pas propriétaires et peuvent prétendre à un logement social compte tenu de leurs revenus, selon le bailleur. Mais une grande partie d'entre eux ne font pas de demande de logement social, en raison, notamment, des délais d'attente pour y accéder.
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