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Prix des carburants : "Trop d'augmentations de taxes finit par poser des problèmes de pouvoir d'achat"

La CLCV publie mardi une étude sur l’impact sur le pouvoir d’achat de l'augmentation des taxes sur le carburant. Une augmentation cumulée à la hausse du prix du baril, alerte l'association de consommateurs. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Selon la CLCV, le plein de carburant pour un petit véhicule a augmenté de 10 euros en un an. (RADIO FRANCE / STEPHANIE BERLU)

Le montant des impôts sur les carburants, payés via les taxes mises en place par l'État, a augmenté de 140 euros en un an et 300 euros en dix ans, a affirmé sur franceinfo François Carlier, délégué général de l'association de consommateurs CLCV, qui publie mardi 18 septembre une étude sur le sujet.

L'association a étudié la variation des prix des carburants et des taxes qui y sont liées, en se basant sur un ménage qui possède deux voitures. "En un an, le plein de carburant pour un petit véhicule a augmenté de 10 euros et de 15 euros pour un gros véhicule", affirme-t-il, en prenant en compte l'augmentation du prix du baril et des taxes. 

Franceinfo : Quel est votre constat ?

François Carlier : Il y a une très forte croissance des taxes sur le carburant. On s'est notamment concentrés sur le cas d'un ménage qui a deux voitures. C'est une situation courante puisque ça représente environ 25% des ménages en France. Leur facture d'impôts pour les taxes liées aux carburants se situe aux alentours de 1 500 euros pour l'année 2018. Elle a augmenté de 140 euros en un an et de 300 euros en dix ans. Ce sont des montants importants.

Est-ce que cette augmentation pèse lourd aujourd'hui sur le pouvoir d'achat ? 

L'augmentation des taxes a notamment commencé à partir de 2013. Pendant quelques années, ça ne s'est pas vu parce que le prix du baril de pétrole a beaucoup diminué. Depuis un an, on a à la fois une augmentation du prix du baril de pétrole, qui est assez importante, et plus encore, une augmentation des taxes. Le cumul des deux pose un problème de pouvoir d'achat. En un an, le plein de carburant pour un petit véhicule a augmenté de 10 euros et de 15 euros pour un gros véhicule. C'est donc l'effet cumulé du prix du baril et des taxes qui est très important.

Pour qui l'impact est-il le plus important ?

Ce sont vraiment les territoires ruraux ou péri-ruraux. C'est là qu'on a à la fois souvent deux voitures par ménage parce qu'on n'a pas le choix, et souvent du chauffage au fioul domestique dont les taxes ont autant augmenté que pour les carburants. C'est donc sur ce type de territoire qu'on est très touché par ces hausses.

Qu'attendez-vous du gouvernement ?

On est allé voir le gouvernement en leur disant que les augmentations qui ont eu lieu dans le passé ont été réalisées à un moment où le prix du baril était bas, donc pourquoi pas. On leur a demandé de ne pas augmenter les taxes l'année prochaine parce que les prix sont déjà hauts, donc le signal écologique a été envoyé. Le prix du baril augmente beaucoup. Il n'y a pas besoin de s'acharner en refaisant une hausse des taxes. Pour l'instant, nous ne sommes pas entendus. Je le regrette parce que notre demande était raisonnable. On espère quand même qu'on finira par l'être.

Cette politique de hausse des taxes vise pourtant à réduire l'utilisation du diesel...

Oui, mais il s'agit d'augmenter les taxes afin d'augmenter le prix pour envoyer un signal écologique. Le signal prix est déjà là, avec un diesel qui va passer la barre des 1,50 euro. On n'a pas besoin d'en rajouter une couche au 1er janvier avec une nouvelle augmentation de taxes. De plus, un rapport public a constaté que l'État encaisse 23 milliards d'euros de taxes sur les énergies fossiles et ne dépense que 4 milliards d'euros d'aides aux ménages pour les économies d'énergie.

Si vraiment l'objectif est le changement au vu du changement climatique, il faut aussi que ces recettes fiscales pétrolières soient plus affectées à des aides pour les économies d'énergie (...) Ce n'est pas parce que le prix du diesel flambe pendant quelques années qu'on va forcément changer de voiture (...) La transition est longue et en attendant faire trop d'augmentations de taxes finit par poser des problèmes de pouvoir d'achat. Les gens paient mais ils doivent renoncer à des choses à côté.

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