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Ce que va changer pour vous l'accord sur les retraites complémentaires

Les partenaires sociaux ont trouvé mercredi soir un accord pour renflouer les caisses des régimes de retraite complémentaire Arrco et Agirc. Accord qui rogne essentiellement sur le pouvoir d'achat des retraités du privé. Il doit encore être formellement approuvé dans les prochains jours. En attendant, explication de texte au cas par cas.
Article rédigé par Cécile Quéguiner
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Maxppp)

Le principe est simple : tout le monde va payer, mais ce sont des retraités que l'on attend la plus importante contribution. Au prix d'une baisse conséquente de leur pouvoir d'achat pour les trois ans à venir. Revue de détail de cet accord qui va porter sur les onze millions de retraités et les 18 millions d'actifs du privé. 

Si vous êtes retraité du privé Pas question de baisser vos pensions de retraite, dit l'accord, mais celles-ci, à partir du 1er avril, augmenteront moins que l'inflation. Alors que la hausse des prix est prévue pour 2013 à environ 1,75%, la pension complémentaire d'un ancien salarié du privé n'augmentera que de 0,8%. Pis, celle d'un ancien cadre n'augmentera que de 0,5%. Ce iatus provoque mécaniquement une baisse du pouvoir d'achat. Et le régime sera le même, ou presque, en 2014 et 2015, où les complémentaires seront aussi revalorisées moins vite que l'inflation, soit - un point (sauf si la hausse des prix est inférieure à 1%).

"Avec cet accord, et ses effets cumulatifs, un cadre retraité, en 2015, touchera 420 euros de mois sur l'année"

Philippe Crevel, secrétaire général du Cercle des Épargnants, a tenté le calcul : "Si on considère qu'il n'y a pas de changement sur le régime de base - ce qui n'est pas une garantie pour le moment -, et que l'inflation sur ces trois années est de 1,8 %, un cadre moyen qui touche aujourd'hui une retraite nette d'environ 1.650 euros, gagnera, fin 2013, 1.667 euros par mois, contre les 1.680 euros qu'il aurait dû toucher. En 2014, 1.686 euros par mois, au lieu de 1.710, soit 312 euros de moins sur l'année. Et en 2015, avec l'effet cumulatif, ça lui fera 420 euros de manque à gagner ". 

Cette baisse est plus conséquente pour les cadres (qui cumulent Arrco et Agirc), soit les grosses retraites. Quoique. "Ce n'est pas toujours ce que l'on croit. Les footballeurs professionnels cotisent à l'Arrco, pas à l'Agirc ", souligne malicieusement Danièle Karniewicz, de la CFE-CGC, syndicat des cadres qui envisage sérieusement de ne pas signer l'accord. 

Si vous êtes salarié du privé Vos cotisations vont elles aussi augmenter mais pas avant 2014. Une hausse de 0,1 point, puis une seconde de même ampleur en 2015. Mais leur impact à long terme sera faible, car le patronat a accepté une contrepartie. Il souhaitait initialement que cette augmentation de cotisation soit "à fonds perdus", mais en définitive, elle ouvrira des droits à la retraite. Cotiser plus, pour toucher plus...

Si vous êtes une entreprise du privé La hausse des cotisations concerne évidemment aussi les entreprises puisque celles-ci prennent en charge 60% de ces cotisations, contre 40% aux salariés.

Ce qui change pour elles également (à partir de 10 salariés), c'est le versement de ces cotisations, mensuel et non plus trimestriel à partir de 2016, histoire de générer des gains de trésorerie.

D'autres sacrifices à venir ? Objectif de cet accord, économiser environ trois milliards d'euros d'ici à 2017, et faire ainsi passer le déficit des deux régimes de 8,6 à 5,5 milliards d'euros. Cela suffira-t-il ? Vraisemblablement non. L'accord prévoit d'ailleurs des rendez-vous annuels entre partenaires sociaux pour évaluer les finances des deux caisses. 

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